Les Counting Crows sont de retour (et de très belle manière), les vilaines histoires de gros sous aussi. Alors que l'excellent et tourmenté Adam Duritz, qui vient de fêter son 50e anniversaire, et ses acolytes viennent de publier en juillet leur nouveau single, Palisades Park, premier extrait de Somewhere Under Wonderland assorti d'un somptueux court métrage signé Bill Fishman, ils doivent parallèlement régler un sérieux différend avec d'anciens managers... Un deuxième litige en l'espace de quelques mois.
Counting Crow$ et comptes à régler
En janvier dernier, TMZ.com révélait que les Counting Crows étaient en bisbille avec Universal, maison historique (dix-huit ans de collaboration et cinq albums sous le label Geffen Records) dont le groupe claqua la porte en 2009, au sujet de royalties découlant de la commercialisation digitale de ses chansons sous forme de sonneries de téléphone. A présent, le même site ébruite un conflit entre les rockeurs de Berkeley, crédités de succès comme Mr. Jones, Angels of the Silences, A Long December, Big Yellow Taxi ou encore Colorblind (B.O. de Sexe Intentions) et Accidentally in Love (B.O. Shrek 2, nomination aux Oscars), et deux de ses anciens représentants, Martin Kirkup et Steven Jensen, de Direct Management Group.
Ces derniers, qui travaillèrent pour la formation californienne de 1992 (quasiment à ses débuts) à 2001, viennent d'engager des poursuites pour faire valoir une clause très intéressante du contrat qu'ils avaient signé à l'époque : un intéressement à vie sur les revenus des Counting Crows. Des termes que le groupe a honorés jusqu'en novembre 2013 (12 ans de salaires sans rien faire, une aubaine !), moment où il a décidé d'arrêter de payer les deux hommes et de tenter de trouver un nouvel arrangement moins coûteux. Ce qui n'est évidemment pas du goût des plaignants, lesquels ont saisi la justice pour obtenir le règlement des sommes dues depuis novembre dernier et, par la même occasion, pour blinder ce deal extrêmement juteux. Comme quoi, si les contrats ne pèsent pas toujours lourd dans le milieu du football, dans le show-biz, c'est du solide !
Après avoir sorti en 2012 sous le label londonien indé Cooking Vinyl l'album de reprises Underwater Sunshine (Or What We Did On Our Summer Vacation), les Counting Crows distribueront à la rentrée (sortie prévue le 2 septembre) Somewhere Under Wonderland, leur septième album studio enregistré l'hiver dernier, via Capitol Records, un label... Universal. Un retour au bercail à plus d'un titre, puisque Brian Deck en a assuré la production, comme il l'avait fait pour Saturday Nights & Sunday Mornings (2008) chez Geffen Records.
Les lois de l'attraction
Morceau marathon condensant le meilleur du talent d'Adam Duritz pour les ballades rock mélancoliques (outre sa voix singulière, inchangée depuis près de vingt-cinq ans : songwriting émotionnel, storytelling généreux, refrain imparable, piano brillant - et trompette traînante -, lignes mélodiques soignées, ruptures rythmiques, etc.), Palisades Park a ouvert le nouveau chapitre des Counting Crows avec éclat, non seulement musicalement mais aussi cinématographiquement : le single est accompagné d'un clip fabuleux, un véritable court métrage teinté de nostalgie (et de révolution culturelle), hommage au Palisades Amusement Park, fameux parc d'attractions new-yorkais fermé en 1971. Signé Bill Fishman, réalisateur de Tapeheads (1988, avec Tim Robbins et John Cusack) et My Dinner with Jimi (2003) en plus de nombreux clips, il met en scène l'amitié de deux jeunes garçons et leur(s) trajectoire(s) particulière(s) dans une New York en pleine mutation à la fin du deuxième millénaire. Une quête identitaire, une quête de valeurs contée sous le forme de flashbacks matérialisant les souvenirs d'un protagoniste sexagénaire.
Curiosité supplémentaire : celui qui tient ce rôle n'est autre que Richard Edson, enfant des environs de New York - où il est né en 1954 - et batteur originel de Sonic Youth vite reconverti en acteur, avec un parcours assez notable. Vu dans Stranger Than Paradise (1984, Jim Jarmusch), La Folle Journée de Ferris Bueller (1985, John Hughes), Platoon (1986, Oliver Stone), Good Morning, Vietnam (1987, Barry Levinson), Do the Right Thing (1989, Spike Lee), Strange Days (1995, Kathryn Bigelow), Lulu on the Bridge (1998, Paul Auster), Land of Plenty (2004, Wim Wenders) et dernièrement Dans la tête de Charles Swan III (2013, Roman Coppola), il livre ici une émouvante composition, à laquelle fait écho l'intense performance des jeunes Lev Pakman et Christopher White.
G.J.
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