Il avait été remarqué pour sa performance dans La Vie de Jésus de Bruno Dumont en 1997. Héros de ce film, David Douche est mort dans la nuit de lundi 7 à mardi 8 décembre, selon le site de La Voix du Nord. Il est décédé à 43 ans par asphyxie, dans l'incendie d'un appartement qu'il louait dans la commune d'Hazebrouck. Un autre corps a été retrouvé, celui d'une femme, qui doit être encore identifié, mais pourrait être celui de sa compagne. Le feu serait parti du canapé. Une autopsie des deux corps sera réalisée vendredi. La piste accidentelle est privilégiée.
Dans le film, David Douche jouait le rôle d'un jeune chômeur, Freddy. Il avait alors 24 ans. Il avait grandi avec ses deux frères à Bailleul, dans une famille d'accueil, et n'avait jamais connu ses parents. Le cinéaste cherchait des acteurs non professionnels. Le long métrage sera récompensé par une Mention spéciale Caméra d'or au Festival de Cannes et par le prix Jean-Vigo. Invité à Cannes et primé en Sicile, David Douche ne réussira pourtant pas à continuer sa carrière au cinéma.
Pourtant, son charisme avait explosé dans La Vie de Jésus. Le metteur en scène Bruno Dumont a fait part de sa tristesse : "J'ai appris sa mort mardi soir et j'en suis si triste. Un homme redoutable, par sa vie entière et la force qu'elle lui avait donnée. Son passage au cinéma illumina ainsi tout un film, La Vie de Jésus, et tous les dilemmes obscurs des questions morales. D'un trait. C'est David qui le fit, sous sa présence, son jeu, à ce visage, à son front. Pour nous et par 'Freddy', il fit mystérieusement la bascule du mal vers les lueurs triomphales et infimes des clartés du jour. Sans lui, rien. Sinon la platitude de la haine, le prêchi-prêcha. La misère et la gloire de sa vie, à l'écran, à la rue. Sans distinction. Et pas de pitié pour lui - comme les sots - tant il était libre et digne. Il était redoutable, vraiment. 'Freddy', ici le garde, sans fin." Une disparition qui fait écho à celle d'un autre héros des films de Dumont, l'"alter ego" du cinéaste David Dewaele mort à 37 ans en 2013.
Couvreur de profession, il était devenu sans domicile fixe et avait retrouvé une certaine stabilité il y a seulement quelques années. Il avait été accompagné par le CCAS d'Hazebrouck et l'association Trait d'Union. Il louait un appartement à la commune. Jean-François Douche, son petit frère, décrit pour La Voix du Nord un enfant doué et calme qui aimait la liberté. "On n'avait pas deviné qu'il allait faire un film", sourit-il. David Douche avait très vite perdu contact avec sa famille. Il avait renoué avec son autre frère, Lionel, il y a peu. "Il venait nous voir tous les jours car il ne s'en sortait pas, il avait des difficultés financières", témoigne-t-il.