Florence Cassez, retour compliqué à la liberté : ''J'avais la trouille de tout''

Il y a presque un an jour pour jour, la Cour suprême du Mexique invalidait toutes les charges retenues contre Florence Cassez et ordonnait sa libération "immédiate et absolue". Le soir même, la Française s'envole pour Paris. Elle vient de passer sept ans derrière les barreaux. Dans un livre à paraître le 23 janvier, intitulé Rien n'emprisonne l'innocence, Florence Cassez raconte cette liberté retrouvée et ce retour en France compliqué malgré le soutien de Fausto, l'homme qu'elle épousait cet été.

Dans les pages du Parisien/Aujourd'hui en France ce week-end, Florence Cassez confie les difficultés rencontrées à son retour : "Tu sors, on t'a pris sept ans de ta vie, tu veux la croquer à pleines dents... et c'est comme si tu étais infirme. Mon corps ne répondait plus à des choses bêtes que j'avais connues dans ma vie de femme libre et oubliées en prison." De ses années derrière les barreaux, Florence Cassez fait ce triste constat : "Le plus terrible a été de réaliser que cet enfermement avait fonctionné, puisque je m'interdisais de sortir." A un premier tourbillon médiatique, celui de son retour sur le sol français, a succédé un retour à la vie normale. Mais comment faire ? "J'avais la trouille de tout : des voitures, du bruit, des rayons d'un magasin où je n'arrivais pas à un choisir un dentifrice... J'étais affolée par la liberté."

Ce retour à la vie s'est accompagné d'un retour à l'amour. En France, Florence Cassez revoit Fausto, un Franco-Mexicain devenu une figure de son comité de soutien. Leurs retrouvailles sont plus que chaleureuses, la demande en mariage se fait deux mois après. Florence dit oui et l'épouse à Dunkerque le 23 juillet dernier. Avec Fausto, Florence Cassez retrouve sa féminité. Il a tenu un rôle central dans la réadaptation de Florence : "Un beau jour j'ai dit : Stop, je me prends en main, je sors ! Je me suis forcée à aller de l'avant, confie l'ancienne prisonnière. Mon mari m'a beaucoup soutenue. J'ai su parler à des proches, me vider. Le livre m'a aussi aidée. Maintenant je me débrouille seule." Et Florence de chercher désormais du travaille dans le commerce.

La difficulté supplémentaire rencontrée par Florence Cassez, c'est d'être désormais une personne publique : "Il m'a fallu réapprendre à vivre en étant Florence Cassez, raconte-t-elle. Celle qu'on reconnaît dans la rue, dans un café, au supermarché." Et avec cette notoriété, le doute de son innocence qui persiste chez certains. "Parce qu'en France il est inconcevable d'être mis en prison juste comme ça. Au Mexique, c'est malheureux à dire, mais cela arrive tous les jours : une dénonciation, puis des gens enfermés durant des années. La seconde raison c'est qu'il s'agit d'une affaire compliquée, qu'on ne peut comprendre en lisant un bout d'interview. [...] Il est vrai que les juges n'ont pas prononcé ces mots que j'aurais moi aussi rêvé d'entendre : 'Elle est innocente.' Mais ils ont bien dit que toutes les accusations étaient infondées. Que le dossier, monté de toutes pièces par une police corrompue et des gens aux intérêts puissants, était vide de preuves."

Florence Cassez n'en demeure pas moins changée à jamais, elle est devenue méfiante : "J'ai l'impression d'avoir trop vu, trop souffert, trop compris la nature humaine dans ce qu'elle a d'obscur [...] La cicatrice est là. J'apprends à vivre avec."

Florence Cassez, "Rien n'emprisonne l'innocence", aux éditions Michel Lafon le jeudi 23 janvier 2014 en librairies.