Il est magnifique dans les paysages de la Vallée de la mort aux Etats-Unis, photographié par Jean-Baptiste Mondino pour Vanity Fair. Le monstre sacré du cinéma, en couverture du prestigieux magazine, pose dans le décor de son nouveau film Valley of Love, présenté en compétition au Festival de Cannes. Pour ce film de Guillaume Nicloux, il a retrouvé Isabelle Huppert, sa partenaire dans Les Valseuses et Loulou. Lors du photocall cannois, il ne s'empêchera pas de lui voler un baiser, sacré personnage qu'il est. Sylvain Tesson l'a rencontré pour Vanity Fair et raconte son expérience philosophique à nulle autre pareille, livrant les confessions de l'homme Depardieu. Il ne viendra pas régler ses comptes, défendre Catherine Deneuve, ou se moquer de Sophie Marceau, mais réfléchira sur le sens de la vie.
Sylvain Tesson, écrivain-voyageur, fils de Philippe Tesson, a vu sa vie basculer lorsqu'il a chuté de 10 mètres il y a huit mois, alors qu'il escaladait la façade de la maison d'un ami à Chamonix. Un interlocuteur parfait pour discuter avec l'homme abîmé par la vie qu'est Gérard Depardieu. Les réflexions existentialistes qu'il obtient de la star sont empruntes de noirceur : "Je ne crois en rien. Surtout pas en moi. Parfois, le soir, dans mon lit, je voudrais m'endormir pour l'éternité." L'homme aux mille et un excès dira plus loin : "J'ai tout vécu. Cela, il n'y a pas beaucoup de gens qui peuvent le dire, je peux mourir à présent. Qui peut avoir le culot de dire cela ? J'ai fait ma vie parce que j'avais envie et que c'était possible et ce n'est pas condamnable", raconte celui qui avait fait scandale en devenant un exilé fiscal.
Au fil de la conversation Gérard Depardieu s'attardera sur l'idée de réparation : "Réparer, c'est accompagner, soulager la fatigue, enlever les frais, enlever la crainte. Mais attention, ce n'est pas parce que tu vorois avoir le pouvoir de réparer que tu répares." Le pont vers sa relation avec son fils, le regretté Guillaume Depardieu, est évidement : "Avec Guillaume, les choses se sont révélées. Il hurlait, ici, face à mon poitrail. Et ce n'est pas parce que tu laisses un enfant te hurler toutes les choses que tu n'as pas faites, ce n'est pas pour cela que tu comprends comment réparer. Tu reçois les hurlements en pleine gueule. Et tu ne sais toujours pas ce qu'est l'idée de réparer. Et alors, tu vis la douleur d'un père."
Citoyen russe et ami de Vladimir Poutine, Gérard Depardieu comparera aussi la France à la Russie : "Je suis prêt à mourir pour la Russie parce que les gens y sont forts ; je ne veux point crever comme un con dans la France de maintenant." Dur avec son pays de naissance, le héros de Cyrano clamera : "Je ne crois pas en moi car j'ai été élevé dans des valeurs que je ne partage pas. Je ne me suis pas senti français." Pourtant, il représente la France comme personne, avec toutes ses contradictions.
Retrouvez l'intégralité de cet article dans le magazine Vanity Fair du mois de juin 2015