Les Guignols ont peut-être la vie sauve, mais c'est en crypté qu'ils devront survivre avant une diffusion hebdomadaire en clair. Une bien maigre consolation. D'autant que le géant Bolloré (actionnaire majoritaire de Vivendi, propriétaire de Canal+) compte bien, à défaut de museler les marionnettes, exercer un contrôle absolu sur ces dernières. Dernière révélation du Parisien-Aujourd'hui en France : le licenciement des quatre auteurs historiques du programme. Lionel Dutemple et Julien Hervé, en poste depuis seize ans, Philippe Mechelen, embauché il y a sept ans, ainsi que Benjamin Morgaine, recruté en 2012, ont tous les quatre été mis à la porte par Maxime Saada, nouveau directeur général du groupe Canal+. Des auteurs payés 35 000 euros brut par mois pour les mieux lotis. Nul doute que la direction de la chaîne parviendra à en trouver de plus dociles à moindre coût... Chercherait-on, par ailleurs, à lisser la ligne éditoriale d'un programme parfois trop dur avec certains politiques ?
"Un dénouement qui intervient en plein mois de juillet, histoire de faire le moins de vagues possible", souligne Le Parisien-Aujourd'hui en France, qui rappelle également la promesse de Maxime Saada, il y a 48h, de "conserver intact les 17 millions d'euros de budget" annuel alloué au programme. C'est Le Petit Journal qui profitera sans doute de cette semi-disparition des Guignols : ultrarentable avec un coût de production à la minute dérisoire, l'émission de Yann Barthès est à la fois plus puissante en matière d'audience et plus virale sur les réseaux sociaux que les célèbres marionnettes... Le choix de Vincent Bolloré est vite fait.
Renaud Le Van Kim cède au chantage et plie bagage
Après les têtes de Rodolphe Belmer (directeur général du groupe), de Thierry Langlois (directeur des antennes), d'Alice Holzmann (boss de CanalSat), et tandis que nous apprenions ces dernières heures le départ du patron de D8 Ara Aprikian,- même pas eu le temps de faire ses cartons, il aurait été "éjecté" en 10 minutes ! - c'est l'un des producteurs historiques de Canal+ qui a, selon le Parisien-Aujourd'hui en France, fait l'objet d'un incroyable chantage. Renaud Le Van Kim, fondateur de la société KM Productions qui appartient au groupe Zodiak (comme Adventure Line Productions ou GTV Productions), a été mis face à un dilemme par la direction de Canal+. Déjà affaibli par la perte du contrat du Grand Journal, la société KM ne décrochera la production de La Nouvelle Edition (reprise par Daphné Bürki à la rentrée) et ne conservera les cérémonies des Césars, du Festivals de Cannes et de Conversation secrète qu'à condition que Renaud Le Van Kim accepte de quitter sa propre société. Il s'est exécuté.
Joachim Ohnona