Marisa Berenson: 'La mort de mon père, ma soeur... Heureusement, il y a Starlite'
Publié le 20 juin 2013 à 19:53
Par Guillaume J.
Marisa Berenson et sa fille Starlite Randall Berenson lors d'un cocktail Vionnet pendant la Fashion Week de Milan, le 21 février 2013 Marisa Berenson et sa fille Starlite Randall Berenson lors d'un cocktail Vionnet pendant la Fashion Week de Milan, le 21 février 2013© BestImage
Marisa Berenson et sa fille Starlite Randall Berenson au défilé Fendi lors de la Fashion Week de Milan, le 21 février 2013
Marisa Berenson et sa fille Starlite Randall Berenson au défilé Fendi lors de la Fashion Week de Milan, le 21 février 2013
Marisa Berenson et sa fille Starlite Randall Berenson lors d'un cocktail Vionnet pendant la Fashion Week de Milan, le 21 février 2013
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"Petite, je rêvais d'évoluer dans ces sphères, mais sans grand espoir..." : en quelques phrases, Marisa Berenson trame le roman d'une vie, la sienne. Celle d'une fillette bien née, que son extraction dorée ne prédisposait guère aux spotlights de la mode et du cinéma ; celle d'une jeune femme frappée par la mort de son père au moment où sa vie d'adulte prend un tournant ; celle d'une femme sauvée par la méditation ; celle d'une mère qui, à 66 ans, "ressent le besoin de transmettre".

Actrice discrète au magnétisme remarquable et imperméable au temps, Marisa Berenson se confiait il y a quelques jours au Journal du Dimanche (en date du 16 juin 2013), qu'elle recevait dans son pied-à-terre "chic et couture" de Saint-Germain-des-Prés, de retour de la Croisette, où elle avait monté les marches du Festival de Cannes pour Opium d'Arielle Dombasle, et de Londres, où elle a pris la pose pour le prestigieux Vanity Fair. "Comment ne pas se réjouir d'être encore réclamée, à 66 ans ? Et dans des univers qui me sont tellement chers, la mode et le 7e Art", se réjouit-elle. D'autant que le parcours a été chaotique.

Quatre ans après la publication de ses Moments intimes (Calmann-Lévy), la magnifique et éternelle comtesse du Barry Lyndon de Stanley Kubrick n'a besoin que de quelques mots pour absorber son public dans son destin, "fait de hauts et de bas". Aussi vertigineux que son regard pénétrant. "Ma mère me disait que je ressemblais à un Modigliani et m'appelait 'mon petit singe', ma grand-mère [la fameuse couturière Elsa Schiaparelli, NDLR] me toisait en silence quand je n'étais pas habillée à son goût... Difficile de se construire là-dessus", se souvient cette fille de père diplomate (Robert L. Berenson) et de mère aristocrate, se remémorant une enfance passée "dans les meilleures pensions d'Europe" et déjà dirigée vers un avenir "respectable". À l'inverse, la vie de famille, avec ses parents et sa soeur cadette, Berinthia (dite Berry), décédée dans les attentats du 11 septembre 2001 (elle se trouvait à bord du premier avion à avoir percuté le World Trade Center), se résumait aux "vacances" et à ces "dîners mondains qu'ils organisaient et auxquels assistait le gotha de la planète entière".

"Une période mélancolique, de très grande solitude", insiste Marisa Berenson : "Ma quête de spiritualité est née dès mes 7 ans et s'est épanouie lors de mon premier voyage en Inde. J'avais 18 ans et mon père adoré était décédé depuis plus d'un an. Cette période était particulière puisque Diana Vreeland, rédactrice en chef du Vogue américain, avait enfin réussi à convaincre mes parents de me laisser tenter ma chance comme mannequin. Mais la mort de mon père, juste après les débuts, m'a dévastée. J'étais en Inde pour un shooting et je suis restée un mois auprès d'un gourou yogi qui rassemblait autour de lui des personnalités incroyables. Là-bas, je méditais avec Paul McCartney, George Harrison, Mia Farrow... je suis devenue végétarienne, adepte de la méditation et des retraites, et depuis, je me soigne par les plantes. Un mode de vie qui me permet d'envisager, comme ma mère, âgée de 93 ans, d'atteindre 100 ans !"

À l'en croire, ce sont pourtant les objectifs des photographes (dont sa soeur Berry) et des cinéastes (outre Kubrick, Visconti pour Mort à Venise ou Fosse pour Cabaret) qui donneront confiance à la jeune femme, propulsée dans le monde de la mode par "le hasard" de son propre aveu, mais en qui le regretté Yves Saint Laurent voyait "la fille des Seventies" et qui fit effectivement la couverture de Vogue en 1970 et de Time en 1975.

"Je crois au destin... fait de hauts et de bas", croit-elle bon de préciser. Et de remettre les choses en perspective, et ces "tempêtes" traversées : "La mort de mon père puis celle de ma soeur, mes deux divorces [avec James Randall, son époux de 1976 à 1978, père de leur fille Starlite (née en 1977), et Aaron Richard Golub, son mari de 1982 à 1987, NDLR]... Heureusement, je suis très complice avec ma fille de 36 ans, Starlite. Je viens de lui demander d'écrire un livre avec moi. Aujourd'hui, je ressens le besoin de transmettre. Car j'ai encore beaucoup d'énergie."

Mère et fille ont en partage une grâce certaine. Qu'elle rejaillisse dans leur récit à quatre mains.

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