En regardant ses essais pour Tirez sur le pianiste de François Truffaut, tout le talent, le charisme et le naturel de Marie Dubois (23 ans à l'époque) apparaissent comme une évidence. Quelques secondes, un regard brillant, une voix déjà si grave pour son jeune âge, Marie Dubois s'impose en un clin d'oeil. Atteinte de sclérose en plaque, elle a vaillamment lutté contre cette maladie, fortement invalidante au fil des années. Jusqu'à ce 15 octobre 2014 à Lescar. Sa disparition à 77 ans endeuille ses proches, le cinéma français et tous les spectateurs qui ont été sous le charme, plus d'une fois, de cette grande comédienne.
Purepeople.com rend hommage, avec quelques-unes de ses scènes mémorables, à l'égérie de la Nouvelle Vague qui a tourné avec les plus grands. Rohmer dans Le Signe du Lion, Truffaut donc pour Tirez sur le pianiste et Jules et Jim, Vadim pour La Ronde, Resnais pour Mon oncle d'Amérique, Chabrol pour Rien ne va plus, Sautet pour Vincent, François, Paul et les autres et Corneau pour La Menace. Un film qui lui vaudra le César de la meilleure actrice dans un second rôle. Et puis évidemment, elle a été Juliette, "la fille du guignol" dans La Grande Vadrouille de Gérard Oury.
Le ministère de la Culture dirigé par Fleur Pellerin a publié un communiqué en sa mémoire : "Le mal dont elle souffrait depuis l'âge de vingt-trois ans ne l'avait pas empêchée de devenir une figure radieuse de la Nouvelle vague. (...) Tour à tour émouvante et drôle, tendre et sauvage, elle avait su, tout au long de sa carrière, alterner avec beaucoup de discernement films d'auteur et productions populaires. Elle avait affronté la sclérose en plaques en s'engageant pour soutenir ceux qui, comme elle, doivent traverser cette épreuve. Elle nous a montré, dans la vraie vie, ce beau caractère qu'elle exprimait si bien à l'écran."
À l'heure où l'on célèbre l'exposition à la Cinémathèque sur François Truffaut, mort il y a trente ans, la disparition de Marie Dubois rappelle que cet homme qui filmait si bien les femmes avait vu tout le génie de cette comédienne. "Marie Dubois est une enveloppe dans laquelle on peut glisser n'importe quel message. Si elle joue dans un mauvais film, le film semble pire, car son génie ne consiste pas à limiter les dégâts, mais à augmenter, par chaque geste et chaque regard, le poids de plausibilité d'une histoire ou d'une ambiance. Quand Marie Dubois joue, toute ressemblance avec la vie réelle cesse d'être fortuite", a écrit le cinéaste, des propos cités par Slate.fr.