Rania de Jordanie, bouleversée : Après la mort de Muath, elle part en guerre...
Publié le 9 février 2015 à 19:42
Par Guillaume J.
La reine Rania de Jordanie, bouleversée, présentant le 5 février 2015 ses condoléances à Anwar Tarawneh, 26 ans, après l'exécution barbare de son jeune époux le capitaine Muath Al-Kasasbeh par l'Etat islamique, à Aye, près de Karak, dans le sud de la Jordanie. La reine Rania de Jordanie, bouleversée, présentant le 5 février 2015 ses condoléances à Anwar Tarawneh, 26 ans, après l'exécution barbare de son jeune époux le capitaine Muath Al-Kasasbeh par l'Etat islamique, à Aye, près de Karak, dans le sud de la Jordanie.© Abaca
La reine Rania de Jordanie en tête du cortège des manifestants à Amman le 6 février 2015 après l'exécution barbare du capitaine Muath Al-Kasasbeh par l'Etat islamique
Deux des enfants de la reine Rania de Jordanie, Salma et Hashem, lors d'une cérémonie de plantation d'arbre à la mémoire des martyrs jordaniens, le 8 février 2015
La reine Rania de Jordanie en tête du cortège des manifestants à Amman le 6 février 2015 après l'exécution barbare du capitaine Muath Al-Kasasbeh par l'Etat islamique
La reine Rania de Jordanie a pris part à une manifestation après la prière du vendredi 6 février 2015, à la mémoire du capitaine Muath Kasasbeh
La reine Rania de Jordanie en tête du cortège des manifestants à Amman le 6 février 2015 après l'exécution barbare du capitaine Muath Al-Kasasbeh par l'Etat islamique
La reine Rania de Jordanie en tête du cortège des manifestants à Amman le 6 février 2015 après l'exécution barbare du capitaine Muath Al-Kasasbeh par l'Etat islamique
La reine Rania de Jordanie en tête du cortège des manifestants à Amman le 6 février 2015 après l'exécution barbare du capitaine Muath Al-Kasasbeh par l'Etat islamique
La reine Rania de Jordanie accompagnait son époux le roi Abdullah II le 11 janvier 2015 à Paris pour le grand rassemblement organisé après les attentats contre Charlie Hebdo.
La reine Rania de Jordanie accompagnait son époux le roi Abdullah II le 11 janvier 2015 à Paris pour le grand rassemblement organisé après les attentats contre Charlie Hebdo.
La reine Rania de Jordanie accompagnait son époux le roi Abdullah II le 11 janvier 2015 à Paris pour le grand rassemblement organisé après les attentats contre Charlie Hebdo.
La reine Rania de Jordanie accompagnait son époux le roi Abdullah II le 11 janvier 2015 à Paris pour le grand rassemblement organisé après les attentats contre Charlie Hebdo.
La reine Rania de Jordanie accompagnait son époux le roi Abdullah II le 11 janvier 2015 à Paris pour le grand rassemblement organisé après les attentats contre Charlie Hebdo.
La reine Rania de Jordanie accompagnait son époux le roi Abdullah II le 11 janvier 2015 à Paris pour le grand rassemblement organisé après les attentats contre Charlie Hebdo.
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Cruel, le début d'année 2015 a rayé le merveilleux sourire de la reine Rania de Jordanie, tel qu'on le connaît et tel qu'on pouvait l'apprécier durant les fêtes de fin d'année. Coup sur coup, elle a encaissé deux secousses terribles...

Humaniste militante, qui consacre une grande partie de son énergie à préparer un avenir meilleur, tant en aidant les enfants et les femmes du royaume hachémite (en particulier par l'éducation) qu'en servant la fraternité des peuples à l'échelle mondiale, l'épouse du roi Abdullah II de Jordanie, issue d'une famille d'origine palestinienne, a d'abord été profondément choquée par les attentats djihadistes qui ont visé Charlie Hebdo en janvier : quelques jours plus tard, elle décidait, avec son mari, de venir marcher lors du grand rassemblement organisé à Paris en signe de solidarité, et ce, en dépit de sa désapprobation des caricatures publiées par l'hebdomadaire satirique français. "En tant que musulmane, je suis contre ces caricatures, et je suis offensée et blessée par le manque de respect témoigné à l'égard de ma foi (...) Je ne vois pas au nom de quelles valeurs on peut réduire à de grossières caricatures la figure que chérissent des millions de musulmans à travers le monde", contestait-elle ainsi avec franchise dans un entretien accordé à L'Express, disant craindre que "davantage de dessins de ce type [ne fassent] que blesser, approfondir la méfiance et favoriser les préjugés". Au cours de la même conversation, elle évoquait également la situation alarmante de la Syrie, en particulier du point de vue des répercussions des conflits sur les populations civiles : "L'impact de la crise syrienne est beaucoup plus grand que notre capacité de le résorber", constatait, fataliste, la belle quadragénaire, confrontée quotidiennement au sort précaire des réfugiés syriens accueillis en Jordanie.

Inquiète d'assister impuissante à une radicalisation religieuse, Rania de Jordanie a été touchée encore plus durement, depuis les événements parisiens, par l'acte d'une barbarie indicible perpétré par l'Etat islamique envers un de ses compatriotes : le meurtre du pilote jordanien Muath al-Kasasbeh, brûlé vif dans une cage au terme d'une odieuse mise en scène macabre. Comme bien souvent hélas, les images de cette exaction injustifiable, dont le seul récit est déjà insoutenable, n'ont que trop circulé, sur internet et sur les réseaux sociaux. C'est d'ailleurs sur Facebook que l'épouse du défunt a appris la nouvelle... "Reste en paix, Muath" : voilà comment la jeune Anwar Tarawneh, 26 ans, a su que son mari, capturé par les terroristes le 24 décembre après que son F-16 eut été abattu, avait été exécuté, six mois seulement après leur mariage. Par la suite, elle a raconté comment son mari lui avait confié avoir un mauvais pressentiment, concernant ce qui fut son dernier vol, au point de souhaiter que le brouillard l'empêche de décoller... Fait prisonnier, il n'avait pu être libéré, malgré une tentative infructueuse des forces armées jordaniennes au Nouvel An.

La reine Rania de Jordanie s'est déplacée en personne pour adresser à Anwar ses condoléances et lui apporter son soutien, ainsi qu'à la famille du soldat, dans leur village situé près de Karak : l'image de la rencontre des deux femmes, la reine serrant dans ses bras la veuve éplorée, est bouleversante. Bouleversante. Femme du premier soldat du pays, et mère d'un grand garçon de 20 ans, le prince héritier Hussein, qui a reçu une formation militaire, la reine Rania, le visage blême, semble désemparée et tente de rester forte, en cette terrible journée du 5 février, et tandis que l'aviation jordanienne pilonne des positions de l'Etat islamique en Syrie en guise de (début de) représailles.

Le lendemain, vendredi 6 février, Rania de Jordanie était dans les rues, à nouveau. En tête d'un cortège de milliers de personnes dans les rues de la capitale, Amman, brandissant une image de Muath al-Kasasbeh, qui était capitaine de l'Armée de l'Air royale jordanienne, elle honorait, après une prière dont elle a publié une image sur sa page Facebook, la mémoire de ce serviteur de la nation en même temps qu'elle apportait sa voix à la dénonciation de la folie meurtrière et son soutien à l'action du gouvernement, qui a déclaré une guerre impitoyable à l'Etat islamique.

© Youtube

"Aujourd'hui, je suis comme tout autre Jordanien, nous sommes unis dans notre deuil et notre horreur, a déclaré la reine, portant sur son costume noir un keffieh à damiers rouge et blanc, à la BBC. Par leur acte haineux, ils (les jihadistes de l'EI) ont cru qu'ils allaient effrayer les Jordaniens mais tout ce qu'ils ont fait c'est nous unir dans notre détermination de nous débarrasser de ces maléfiques." Autour d'elle, "Nous sommes tous Muath", "Nous sommes tous la Jordanie", "Oui à la punition, Oui à l'éradication du terrorisme", clamaient les pancartes.

Comme toujours, Rania de Jordanie a prolongé son engagement via les réseaux sociaux, via ses comptes Instagram et Facebook, déterminée à ne pas rester "complice du succès" de l'Etat islamique : "Notre silence est le plus grand cadeau [que nous puissions leur faire]", déplorait-elle en novembre dernier...

Le 7 février, elle partageait ainsi une photo d'archives du défunt roi Hussein avec son fils et héritier l'actuel roi Abdullah II alors enfant, écrivant combien il serait fier de la fierté et de la grandeur de son peuple, dans sa mobilisation.

Le lendemain, elle associait ses propres enfants à ce combat de la nation, publiant une photo les mettant en scène lors d'une cérémonie de plantation d'arbre en l'honneur des martyrs jordaniens : "Fière de ma Salma, de mon Hashem et de tous ceux qui ont participé", écrivait-elle au sujet des deux cadets de ses quatre enfants (Hussein et Iman, les deux aînés, font leurs études supérieures aux Etats-Unis).

Enfin, ce 9 février, elle diffusait un message vidéo enregistré à l'occasion d'un sommet gouvernemental : l'air grave, les stigmates de la tragédie et la volonté de combattre le terrorisme lui dictent ses mots...

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