Régis de Camaret jugé pour viols : Les révélations sordides des ex-joueuses
Publié le 21 novembre 2012 à 18:10
Par Benoit Z.
Nathalie Tauziat lors du procès de Régis de Camaret au palais de justice de Lyon le 20 novembre 2012 Nathalie Tauziat lors du procès de Régis de Camaret au palais de justice de Lyon le 20 novembre 2012© Abaca
Isabelle Demongeot lors du procès de Régis de Camaret au palais de justice de Lyon le 20 novembre 2012
Régis de Camaret lors de son procès pour viols sur mineures à Lyon le 15 novembre 2012
Nathalie Tauziat lors du procès de Régis de Camaret au palais de justice de Lyon le 20 novembre 2012
Isabelle Demongeot et les témoins lors du procès de Régis de Camaret au palais de justice de Lyon le 15 novembre 2012
Régis de Camaret lors de son procès pour viols sur mineures à Lyon le 15 novembre 2012
Nathalie Tauziat lors du procès de Régis de Camaret au palais de justice de Lyon le 20 novembre 2012
Régis de Camaret lors de son procès pour viols sur mineures à Lyon le 15 novembre 2012
Isabelle Demongeot lors du procès de Régis de Camaret au palais de justice de Lyon le 15 novembre 2012
Régis de Camaret lors de son procès pour viols sur mineures à Lyon le 15 novembre 2012
Isabelle Demongeot lors du procès de Régis de Camaret au palais de justice de Lyon le 15 novembre 2012
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Depuis plusieurs jours maintenant, un procès ébranle le petit monde du tennis français. Régis de Camaret, entraîneur de tennis ayant porté au firmament Nathalie Tauziat, répond des accusations de viols sur mineures portées à son encontre par plusieurs anciennes joueuses de tennis passées entre ses mains. Entre révélations sordides et témoignages poignants d'un côté et déni total de l'autre, le procès de Régis de Camaret (70 ans) révèle la face cachée d'un homme affable et réputé pour ses compétences, qui aujourd'hui encore exerce dans un petit club de Capbreton.

Révélations scabreuses

Au coeur de l'affaire, Isabelle Demongeot, ancienne numéro 2 française derrière Nathalie Tauziat. C'est elle qui la première a révélé les attouchements et les viols dont elle a été la victime des années durant lorsqu'elle était pensionnaire du club des Marres de Saint-Topez. En 2005, elle porte plainte, mais la prescription des faits empêche toutes poursuites. Cependant, devant le retentissement médiatique, d'autres filles vont à leur tout s'exprimer et porter plainte. Au final, seules deux plaintes seront recevables, celles de Stéphanie Carrouget et Karine Pomares, 36 ans chacune.

Ce qui n'empêchera pas les autres jeunes femmes de venir témoigner à la barre du tribunal de Lyon et révéler les atrocités subies. Durant les audiences, l'atmosphère est pesante, dérangeante, à la limite du soutenable au fur et à mesure que se succèdent les témoignages détaillés.

Stéphanie Carrouget a ainsi décrit comment, de 1989 à 1990, Régis de Camaret s'introduisait dans sa chambre "par la fenêtre", se déshabillait, "frottait son sexe contre le sien et éjaculait". Avant d'ajouter qu'elle restait "inerte", elle qui était déjà "fragilisée" par les abus sexuels de son propre beau-père. "Il ne rentrait jamais complètement et pareil avec sa langue", poursuit-elle, avant d'expliquer qu'elle a arrêté le tennis en 90 et qu'elle est aujourd'hui "dégoûtée par le sexe."

Karine Pomares décrit d'autres violences sexuelles, tout aussi dérangeantes. Comme la fois où elle était malade, Régis de Camaret avait voulu "prendre sa température en touchant ses seins, son ventre et en bas". Elle raconte également cette autre fois, où il "passe la main dans [sa] culotte" et "réussit à [la] pénétrer avec un doigt", avant qu'elle parvienne à le repousser et à s'enfuir.

Aires d'autoroutes et cagibi, théâtres de viols monstrueux

Puis c'est au tour d'Isabelle Demongeot de témoigner, celle qui a eu le courage de révéler des années de sévices. Avec des paroles crues, elle raconte son calvaire qui a commencé dès ses 13 ans, et la manière dont, de 1980 à 1989, Régis de Camaret a "broyé sa vie". Elle raconte comment dans un hôtel parisien, durant Roland-Garros, il l'avait sexuellement agressée - "je dormais profondément. J'ai un corps d'enfant et soudainement, je sens une grosse main qui apparaît et se glisse dans ma culotte"- avant que "le premier viol" ne survienne quelques semaines plus tard dans un hôtel de Carpentras. "C'était répugnant, je suis terrorisée, ça fait très mal", explique une Isabelle Demongeot en pleurs. Elle se dit "incapable de le repousser", elle qui était alors "une petite fille pleine de vie" et revoit "ses yeux fous (...) son odeur, sa moustache et sa puissance". Elle décrit le cagibi sordide dans lequel Régis de Camaret la violait régulièrement : "Un endroit sordide et poussiéreux, avec des araignées, des seaux de balles partout et une lumière tamisée."

Puis elle évoque les viols "monstrueux" dans "des endroits sordides", comme "la voiture sur des aires d'autoroutes", qui dureront neuf années. Pourquoi n'avoir rien dit à l'époque ? "Il me disait que si je partais, je n'étais rien. Tout le monde gagnait dans ce centre. Ça devenait Dieu", explique-t-elle, évoquant son "emprise totale" et le "chantage" qu'il lui faisait, menaçant de ne plus l'entraîner. Laurence A., elle aussi passée par ce fameux centre, se souvient du fameux cagibi : "Il y avait comme un plan de travail sur lequel il me soulevait. Et une fenêtre, toujours dans mon dos pour qu'il puisse voir si quelqu'un arrivait." A 49 ans, Laurence, pensionnaire comme les victimes présumées du tennis-club de Saint-Tropez raconte comment l'enfer a débuté alors qu'elle avait 14 ans : "La première fois, il m'a simplement caressée. La deuxième fois, il m'a mis un doigt dans le vagin. Et puis c'est allé crescendo. Il a mis sa bouche sur mon sexe et ensuite il y a eu pénétration. Je ne pouvais pas parler, je ne pouvais pas bouger. J'étais soumise. Je ne pouvais pas le raconter." Elle explique dans un silence pesant la fois où, voyant son père sur la pelouse du centre, "Régis s'est tout de suite rhabillé. Il a fait comme si de rien n'était". Ou comment elle a eu la "honte de [s]a vie" le jour où elle a joué au tennis "avec du sperme dans les cheveux".

Régis de Camaret impassible

Dans le box, Régis de Camaret reste muet. C'est à peine s'il reconnaît "quelques caresses sur les épaules, le ventre et le pubis" mais "pas sur le sexe" de Stéphanie Carrouget. "J'ai honte, j'ai fait une connerie énorme, j'aurais dû arrêter. (...) Si je lui ai fait du tort, je lui demande pardon." Concernant les viols, il dit ne pas comprendre et assure qu'il ne l'a "pas violée", lorsqu'on l'interroge sur les confessions d'Isabelle Demongeot.

Ce mardi 20 novembre, Régis de Camaret s'est trouvé une alliée de circonstance en la personne de Nathalie Tauziat, ancienne numéro trois mondiale et petite protégée de l'entraîneur qui avait porté plainte contre trois joueuses accusant l'entraîneur. Son intervention devant la cour a suscité un profond malaise au sein de l'assemblée, alors qu'elle tentait maladroitement de répondre aux questions des avocats et du procureur, s'enfonçant dans le déni au point d'en devenir ridicule.

Nathalie Tauziat, une alliée qui suscite le malaise

"Je n'ai rien à reprocher à M. de Camaret. Il m'a menée là où j'ai toujours rêvé d'être, et je ne l'ai jamais vu avoir un geste sexuel intentionnel envers qui que ce soit", a confié Nathalie Tauziat qui, à 45 ans, a repris un club de tennis dans les Landes avec Régis de Camaret. "Je le considérais comme un deuxième père", a-t-elle ajouté, elle qui sous ses ordres est passé d'un classement 15/3 à son arrivée en 1981 au club des Marres à une place "dans les 10 meilleures joueuses du monde" en 2001. Malgré les accusations, les récits ultraprécis et les aveux à demi-mots des attouchements envers une fille, Nathalie Tauziat soutient l'entraîneur qui l'a portée au sommet.

"Vous n'avez pas de chance, je ne m'en souviens pas", répond-elle à un avocat qui l'interroge. Une rengaine qu'elle utilisera à chaque fois qu'elle sera mise en contradiction, et notamment sur ses connaissances supposées de ce qui se tramait à Saint-Tropez. "Je n'ai pas vécu la même chose qu'elles", se borne-t-elle à répondre lorsqu'on lui demande comment elle explique tous les témoignages. "Ça ne vous interpelle pas ?", lui demande alors le président Bréjoux. Réponse de Nathalie Tauziat : "Non."

Dans ses dépositions, Nathalie Tauziat assurait qu'Isabelle Demongeot avait déposé plainte contre Régis de Camaret par vengeance contre elle. "C'est vous faire trop d'honneur", avance Me Giudicelli, avocat de la défense. "Pensez-vous que Stéphanie Carrouget qui l'accuse de l'avoir violée vous vise ?", poursuit-il. "Non, je pense que non", répond Nathalie Tauziat qui ajoute lorsqu'on lui fait remarquer que l'accusé à reconnu les attouchements : "Je n'ai pas de preuve, je ne parle pas tant que je n'ai pas de preuves."

"Je n'ai jamais entendu dire qu'il avait des problèmes de pédophilie. Je n'ai jamais rien vu et je ne peux pas affirmer qu'il ait des victimes", assure-t-elle avec un aplomb déconcertant.

A la sortie de l'audience, Isabelle Demongeot ne comprend pas l'attitude de l'ancienne numéro un tricolore, mère de famille, et résume la pensée de l'ensemble des plaignantes et témoins : "Elle est quand même maman, c'est honteux... C'est étonnant d'enfouir ça au plus profond de soi, comme si elle était encore sous l'emprise. Et ça fait froid dans le dos de savoir que des parents laissent leurs enfants aller dans un club où elle permet encore à Camaret d'être entraîneur."

Le verdict est attendu vendredi prochain...

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