A quelques jours de la publication de son témoignage, qui s'annonce poignant, sur son mariage controversé avec Jacques Martin et les années passées dans l'intimité de ce monstre de culture et de talent, jusqu'à son décès, le 14 septembre 2007, des suites du cancer dont il souffrait, Céline Martin (née Boisson), enceinte de huit mois d'un deuxième enfant avec son nouveau compagnon, a entr'ouvert la porte qui donne sur ce long chapitre de sa vie.
Alors que l'ouvrage Un amour inacceptable sera en librairies le 3 septembre, l'ex-hôtesse du divertissement dominical Le Monde est à vous, qui avait convolé le 20 avril 1992 avec son pygmalion de 37 ans son aîné (18 et 55) - ses quatrièmes noces à lui -, a fait quelques premières confidences exclusives au magazine Paris-Match à paraître demain. L'hebdomadaire, au fil des questions, tente de retracer le parcours sentimental de cette paire décriée, observant comment Céline s'est laissé "façonner par cet homme hors du commun", comment elle lui a donné deux beaux enfants (Juliette et Clovis), comment elle a adopté "une vie monacale pour veiller sur lui" après son accident vasculaire cérébral en 1998, comment elle en est arrivée à demander le divorce en 2006, "au bord de la dépression", comment elle s'esst reconstruite depuis son décès.
Au-delà du clin d'oeil du titre ("à l'adresse de ceux qui ne donnaient que quelques mois à notre liaison", explicite-t-elle), elle dresse mot après mot le portrait d'un homme fascinant dont le tempérament cabot s'exprimait avec ferveur : "J'ai tout de suite oublié l'âge de Jacques. Il avait tant d'énergie ! Cet adulte était aussi un adolescent touchant, sensible, capable de pleurer (...) Auprès d'amis, il me vieillissait de cinq ans. il affirmait que je ressemblais un peu à sa mère. Il décidait de ma coiffure, de mes habits. On ne s'était jamais autant occupé de moi. Jacques a mis la barre si haut que ça n'est pas gagné pour revivre un tel amour."
"Jacques, poursuit-elle, a été quitté ou trahi ou trompé par trois femmes, avec qui il a eu chaque fois deux enfants (...) J'ai trouvé très courageux de sa part de refaire confiance à quelqu'un. Ces femmes [Annie Lefèvre, Danièle Evenou, Cécilia Ciganer-Albeniz, NDLR] étaient plus extraverties que moi. Elles avaient besoin d'être dans la lumière. Ma timidité l'a séduit. Nous étions deux solitaires. Il avait envie, sans doute, de façonner une femme à son image. Avec moi, c'était facile (...) Nous savions qu'on ne vieillirait pas ensemble. On a profité de chaque instant. J'ai voulu des enfants de Jacques pour le garder après la mort. J'ai rencontré un homme hors du commun qui m'a dit qu'il était magicien, et il l'était. Cela a fini dans un huis clos de souffrances (...) Je ne voyais que lui, j'étais dédiée à lui, je n'avais pas d'amis, je n'en ressentais pas le besoin. Il n'aurait pas apprécié. Il m'a un peu isolée, je ne m'y suis pas opposée. Mes amis, c'étaient les deux enfants de Jacques, David et Elise."
Céline Martin décrit également l'homme ombrageux dans son travail, mais "peu compliqué à la maison" : "Cela le peinait de ne pas être reconnu pour sa culture. Faire de la télévision, c'était pour lui une sorte d'échec. 'Je suis un garçon d'ascenseur, j'ai raté ma vie', disait-il (...) Jusqu'à ce qu'il devienne son propre producteur, il a eu l'angoisse de la sonnette d'huissier. Il vivait un peu au-dessus de ses moyens (...) Jacques m'a gâtée comme ses autres femmes, toutes trop 'gâtées' de l'avis de Léo, sa fidèle femme de ménage. Il me versait une mensualité 'bien inférieure', disait-il en riant, à ses pensions alimentaires. Mais j'étais comblée."
A évoquer le Jacques Martin diminué des dernières années, "la pire des punitions", "l'humiliation permanente", elle observe : "Cet accident vasculaire m'a permis de lui rendre beaucoup de ce qu'il m'avait donné (...) Je suis devenue celle qui veillait sur lui et qui le protégeait. Je n'étais pas prête à me retrouver sans lui (...) J'avais tous les matins la même hantise en allant le voir : est-ce qu'il respire ?".
Outre l'isolement volontaire de Jacques Martin, sa vie de dévotion à elle lui attira les commentaires peu avenants des mauvaises langues : "C'était forcément louche. J'étais la femme qui a une autre vie, la femme qui attend l'héritage."
"J'ai été au bout de ce que je pouvais faire et donner, explique-t-elle quand on aborde sa demande de divorce en 2006. Les dernières années, je sombrais avec lui dans la dépression. Je ne pouvais plus l'aider, il était dans son monde (...) Et puis... le proche entourage de Jacques ne voulait plus de nous [Céline et les enfants du couple]. On me soupçonnait de vendre des choses lui appartenant. J'étais parfois suivie. J'étais seule et à bout. Mais je n'envisageais pas une nouvelle vie avec quelqu'un. Après Jacques, quiconque risquait d'être fade."
Pourtant, à Noël 2006, elle a un nouvel homme dans sa vie : Alexandre. Prétexte à une énième mesquinerie de l'entourage de Jacques : "Devant moi, en disant "regarde ce qu'elle a fait !", un de ses enfants a élégamment posé une revue qui publiait des photographies volées d'Alexandre et de moi, prises dans la rue. Jacques n'a rien dit et ne m'en a jamais reparlé." Alors que Céline Martin a donné naissance à Ary le 13 septembre 2007, Jacques Martin décède quelques heures plus tard. Lui disparu, la famille continue son entreprise de démolition, dès l'enterrement : "Je n'étais personne, placée au dixième rang. Je n'étais plus une Martin, mais une pestiférée, celle qui avait abandonné Jacques et refait sa vie. On m'a ignorée (...) [Ses biens ont été répartis] entre ses huit enfants, à parts égales. Après le divorce, je n'étais plus sur le testament".
Et même si la vie reprend, tôt ou tard, ses droits, celui d'effacer certaines histoires, elle ne l'obtient jamais : "Non, je ne me remarierai pas. Mon identité, même si je l'ai perdue sur le papier, c'est Céline Martin."
Un entretien à retrouver en intégralité dans l'édition de Paris-Match du jeudi 27 août. Et des confidences exhaustives à découvrir dans Un amour inacceptable, de Céline Martin, avec Anne-Charlotte Delhange, éd. Michel Lafon, dès le 3 septembre.









