Les plus médiatiques des prix littéraires n'ont pas donné dans le consensus : avec le Goncourt attribué ce 2 novembre à Marie Ndiaye pour Trois femmes puissantes, et son "petit frère" le Renaudot décerné à Frédéric Beigbeder pour Un roman français, les récompenses phares de la rentrée littéraire se signalent par leur audace.
En évinçant les deux représentants des éditions de Minuit Laurent Mauvignier et Jean-Philippe Toussaint, et en étant préférée à Delphine de Vigan, Marie NDiaye, qui succède à Atiq Rahimi, crée un double événement : non seulement elle devient la première femme récipiendaire du Goncourt depuis Paule Constant en 1998 (elle aussi éditée chez Gallimard, avec Confidence pour confidence), mais elle s'impose par ailleurs en dépit de la vieille guerre froide entre les jurys du prix Fémina, sorte de contre-pouvoir au Goncourt qu'elle décrocha en 2001 avec Rosie Carpe, et du Goncourt.
Avec Trois femmes puissantes, (déjà) best-seller dédié à ses trois enfants Laurène, Silvère et Romaric, Marie Ndiaye devient la neuvième femme couronnée en 103 ans de Goncourt... et le premier écrivain à réaliser le doublé Fémina-Goncourt.
Tête de gondole de la maison Grasset, fondateur du Prix de Flore et du Prix de Sade et auteur déjà récompensé par le prix Interallié pour Windows to the world, Frédéric Beigbeder reçoit le Renaudot, prix créé en "complément" du Goncourt, pour Un Roman français - qui n'avait pas été retenu dans la sélection du Goncourt.
Avec ce nouveau coup de projecteur, Beigbeder devrait une fois encore doper ses ventes et diviser les lecteurs. Son Roman français autobiographique, construit à rebours de ses frasques de jet-setter et de cette nuit "fameuse" où il a fait un tour en cellule après avoir été pincé en train de priser de la cocaïne sur le capot d'une voiture et allégé de certains passages autocensurés à la demande de l'éditeur, explore son enfance béarnaise et décrit la grande bourgeoisie de province dans laquelle il naît. Un récit qui s'attire les faveurs de ceux qui étaient déjà convaincus par le style du très télévisuel Beig, mais qui demeure indigeste pour une bonne partie de ses détracteurs.
A noter que les deux membres forts du trio vedette "Galligrasseuil" (Gallimard, 36 Goncourt, 17 Renaudot ; Grasset, 17 G., 13 R. ; Seuil, 5 G., 13 R.) lui permettent d'accroître avec ce palmarès 2009 son hégémonie.
Guillaume Joffroy









