Si Zara Phillips s'est aventurée mardi soir (26 mars 2013) dans la sphère de James Bond, côtoyant le séduisant Daniel Craig le temps d'une soirée organisée par Land Rover (dont les véhicules tout-terrain ont été utiles à l'épisode Skyfall), la performance d'actrice de sa grand-mère la reine Elizabeth II auprès de l'actuel détenteur du matricule 007 et du permis de tuer est encore dans toutes les mémoires.
Le 27 juillet 2012, au coeur d'une année largement dédiée au jubilé de diamant marquant ses 60 années de règne glorieux, la monarque octogénaire participait aux festivités de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Londres en apparaissant dans une séquence vidéo tournée à Buckingham Palace avec Daniel Craig et mettant en scène l'arrivée spectaculaire de la souveraine au stade olympique. Si elle n'a pas en personne sauté en parachute d'un hélicoptère survolant l'enceinte en pleine ferveur, laissant à un cascadeur professionnel cet honneur, Sa Majesté la reine Elizabeth II a toutefois tenu à être l'actrice de son propre rôle dans la fiction imaginée sur mesure par le cinéaste Danny Boyle, grand ordinateur des cérémonies des JO.
Le réalisateur britannique oscarisé de Slumdog Millionaire a révélé il y a quelques jours, dans une interview accordée à son compatriote Jonathan Ross sur la chaîne ITV, que la monarque avait ouvertement postulé pour ce rôle, pour lequel il avait proposé Dame Helen Mirren, doublure quasi officielle de la reine (oscarisée pour son incarnation d'Elizabeth II dans The Queen en 2006, la comédienne de 67 ans triomphe actuellement sur scène dans la peau du même personnage avec la pièce The Audience) : "Cela faisait partie du protocole - il fallait faire arriver le chef d'Etat et interpréter l'hymne national -, et nous nous sommes dit que nous allions faire quelque chose de différent, du coup nous avons élaboré cette idée d'un concept James Bond, se remémore Danny Boyle. Puis nous [les services de Buckingham Palace, NDLR] leur avons envoyé, afin de leur demander en réalité la permission, de s'assurer que ça ne les gênerait pas, et qu'ils acceptent que nous utilisions un sosie, un bon sosie - nous pensions à Helen Mirren."
Et de rapporter la réponse reçue peu après : "Ils sont revenus vers nous en nous disant "Nous sommes enchantés que vous le fassiez, et Sa Majesté voudrait y participer en personne", et - c'était totalement surréaliste - "elle voudrait jouer son propre rôle"." Actuellement en pleine promotion de sa nouvelle réalisation Trance, portée par l'actrice Rosario Dawson avec qui il a entretenu une romance, Danny Boyle raconte : "Elle a demandé 'Que voulez-vous que je fasse ?' Je lui ai expliqué, et elle a répondu 'Bien'. Alors on s'y est mis, on a commencé à le faire, puis elle a dit 'ne croyez-vous pas que je devrais dire quelque chose ?'. 'Oui, que suggérez-vous ?', ai-je répondu. Elle a dit : 'Je vais essayer quelque chose'. Nous avons commencé à tourner, elle s'est retournée et a dit son texte superbement."
Dans la séquence, baptisée Happy & Glorious, Daniel 007 Craig arrive à Buckingham pour escorter la reine Elizabeth II jusqu'au stade olympique. Occupée par sa correspondance et peu inquiète de l'heure qui tourne, la reine se retournera quand son chevalier servant se raclera la gorge, lui adressant un très chic "Bonsoir, M. Bond" avant de se lever et de rejoindre l'hélicoptère stationné à l'extérieur, sous l'oeil de ses fameux corgis, seconds rôles truculents de la séquence.
Et si Danny Boyle a déploré après coup que le contexte économique pesant ait selon lui plombé l'ambiance positive générée par les JO, la séquence Sa Majesté Elizabeth II et James Bond a exacerbé avec succès la fibre patriotique.