Gérard Depardieu, rien à cacher : sourd à la connerie, il sort ses 7 passeports
Publié le 16 juin 2013 à 12:58
Par Guillaume J.
Gérard Depardieu à Nice le 6 juin 2013 pour présenter le Festival du film russe de Nice, du 14 au 17 juin. Gérard Depardieu à Nice le 6 juin 2013 pour présenter le Festival du film russe de Nice, du 14 au 17 juin.© BestImage
Gérard Depardieu, en ''citoyen du monde'', fait la une du JDD du 16 juin 2013.
Gérard Depardieu à Nice le 6 juin 2013 pour présenter le Festival du film russe de Nice, du 14 au 17 juin.
Gérard Depardieu à Nice le 6 juin 2013 lors de la présentation du Festival du film russe de la cité azuréenne.
Gérard Depardieu à Nice le 6 juin 2013 pour présenter le Festival du film russe de Nice, du 14 au 17 juin.
Gérard Depardieu à Nice le 6 juin 2013 lors de la présentation du Festival du film russe de la cité azuréenne.
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Sait-on encore qui est Gérard Depardieu ? Est-il réellement réductible à un citoyen du monde, ou est-il un homme pétri de contradictions à force d'être épris de liberté ? Chaque prise de parole est l'occasion de ne surtout pas élucider l'énigme, et la tribune que lui offre le JDD dans son édition de ce 16 juin 2013, six mois après que l'acteur y avait publié une fameuse lettre ouverte en réponse aux attaques du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ne déroge pas...

Gérard Depardieu, cet homme libre : "Je vais demander le passeport de l'Algérie et d'autres encore"

Assis à la terrasse d'un café, élégant, en forme et la mine fraîche, Gérard Depardieu, tout sourire, se pose en collectionneur de nationalités à la une du journal dominical, lequel titre d'ailleurs sans ambages : Les 7 passeports de Gérard Depardieu. Et pour cause, l'intéressé ne cache pas ses envies d'ailleurs, à l'aune de sa défiance vis-à-vis de la France : "J'ai sept passeports de plusieurs pays que j'aime, enfin j'aimerais en avoir sept. Je vais d'ailleurs demander celui de l'Algérie et d'autres encore. Ça m'éviterait de demander des visas, car je me considère, je vous le redis, comme un homme libre et un citoyen du monde", clame-t-il en conclusion de son entretien avec la journaliste Danielle Attali. Un entretien qui s'est déroulé il y a quelques jours à Paris, rue du Cherche-Midi, juste devant sa poissonnerie, non loin de l'un de ses restaurants. Un quartier, son quartier, où rien n'a vraiment changé malgré la polémique : les gens, habitués ou passants occasionnels, s'arrêtent pour lui exprimer leur admiration et échanger quelques mots, il en prend dans ses bras, en salue d'autres... La vie normale dans le VIe arrondissement, avant qu'il file au Festival du film russe de Nice. Ambassadeur de la culture et du rayonnement russes en France. "Désormais, je suis acteur franco-russe. Voilà, regardez mon passeport, il est déjà rempli de tampons car je voyage beaucoup d'une république à une autre", fait très tôt valoir lors de l'échange celui qui, en quelques mois, a acquis une maison et une maison d'hôte à Néchin et devrait y ouvrir un bar à vins, s'est enregistré glorieusement à Saransk, capitale de la Mordovie, comme résident russe et entrepreneur, est allé à New York incarner DSK devant la caméra d'Abel Ferrara pour Welcome to New York...

Grosso modo, la conversation s'organise en deux temps : Où en est-il de son clash avec la France ? Où en est-il de son histoire d'amour avec la Russie ? Sur le premier point, la donne est assez claire : il aime encore la France, mais pas "ses emmerdes". "C'est vrai que je ne parle plus à la presse, et je m'en porte très bien. Je ne la lis plus. quand je regarde la télé française à l'étranger, je ne vois rien d'intéressant. La France et ses emmerdes ne sont pas non plus un sujet de préoccupation pour les télévisions étrangères. En revanche, je ne suis pas d'accord avec ce que l'on dit en France de la Russie et de la Tchétchénie, dont je suis citoyen d'honneur. Il faut aller voir, aller vivre là-bas, ne pas juger comme ça", s'insurge l'ami de Vladimir Poutine, dont il continue au passage de tresser l'hagiographie, considérant qu'il a fait "beaucoup de choses pour la culture". Et éludant au passage la question épineuse des Pussy Riot en transférant le sujet sur... les Femen emprisonnées en Tunisie, des "féministes courageuses".

Gérard Depardieu, ce Cyrano qui ne s'ignore pas : "une cote de désamour de 30%, ça me va. Je crois que je corresponds à une image que les Français aiment. Celle de quelqu'un de rebelle, qui bouscule les choses, qui est parfois ivre."

A l'en croire, l'épisode Ayrault, "c'est du passé, c'est fini" : "un acteur est par nature invexable, donc je ne suis pas vexé", explique, au sujet du qualificatif "minable" dégainé à son encontre par le Premier ministre français, Gérard Depardieu, qui confie avoir initialement réfléchi à sa réponse avec l'aide d'avocats avant de se raviser et de travailler "tout seul" à l'écriture de sa lettre. "A la façon d'un Cyrano", son héros le plus emblématique : "Je suis devenu un bretteur avec cet esprit très français. Cyrano est quelqu'un qui est contre tout, qui est resté un soldat de deuxième classe, qui a fui tous les protecteurs et toutes les protectrices. Je suis redevenu Cyrano." Ailleurs, il parle plus modernement d'un esprit "hooligan" qui plait tant aux Français qu'à Vladimir Poutine : "Je n'ai pas envie d'être aimé à 100% car c'est douteux. En revanche, avoir une cote de désamour de 30%, ça me va. Je crois que je corresponds à une image que les Français aiment. Celle de quelqu'un de rebelle, qui bouscule les choses, qui est parfois ivre [Ivre parfois, mais mon ivresse fait partie de ma démesure, ajoutera-t-il plus loin, alors qu'il est sous la menace d'une suspension de permis de conduire de dix mois suite à une arrestation pour conduite de son scooter en état d'ébriété, verdict le 21 juin, NDLR]. C'est un peu cet esprit hooligan qui plaît beaucoup à Poutine. Qui plaît aussi à beaucoup de gens ici à travers, par exemple, notre Johnny national." "Ici ? Je ne sais comment s'appelle cette demoiselle à la Culture", taclera-t-il ailleurs Aurélie Filippetti. En somme, la France serait attachée à son côté gaulois tandis que la Russie apprécierait son esprit révolutionnaire et cultivé...

Gérard Depardieu, cet expatrié qui n'est jamais parti : "Je ne suis pas un exilé fiscal, je ne fuis pas, je n'ai rien à cacher."

"Je sais que j'aime les Français, et que je ne suis pas parti. Je suis né en France avec rien. Je fais vivre une centaine de personnes depuis trente ans", assène-t-il d'un coup, quand on le presse de questions sur le terrain politique et fiscal : "Je ne suis pas un exilé fiscal, je ne fuis pas le fisc. J'ai dit qu'à mon âge (64 ans), 87% c'était trop (...) Mais je n'ai aucune critique à faire ni compte à rendre à la France. Je ne connais rien de sa politique. Ça ne me concerne pas (...) En France, je paie bien sûr des taxes, mais comme je ne vis pas là, je n'ai pas la CSG à payer, etc. Donc, cela fait moins 30%. Les cent personnes que j'emploie s'autofinancent (...) J'ai créé une société en Belgique tout à fait légale sur laquelle je paie des impôts en Belgique. Je n'ai rien à cacher même si je suis expatrié. Enfin, pas vraiment expatrié. On m'a poussé. Je n'en veux pas à ces gens qu'ils disent ce qu'ils pensent. En tous les cas, moi, je fais ce que je dis. Je n'ai pas besoin de me cacher. Ce n'est pas le cas de certains hommes politiques en France actuellement", énumère-t-il, faisant allusion aux "affaires" qui décrédibilisent la classe politique. "Il y a des gens qui font plus fort que Cahuzac", s'exclame-t-il en riant, invitant les journalistes à faire leur boulot : "Si on ne vous en empêche pas. On est presque dans un pays bolchevique", provoque-t-il (alors qu'il dira, quelques instants plus tard, "aimer beaucoup la police contrairement à beaucoup de gens", en réfléchissant sur la situation des quartiers et cette "majorité de jeunes de banlieues laissés dans des conditions épouvantables qui vont s'islamiser").

Gérard Depardieu, cet homme vivant, "émerveillé par ce qui l'entoure et qui devient sourd à la connerie" : "D'ailleurs, j'ai des otites plein les oreilles."

Provocation d'autant plus facile que gérard Depardieu se sent pleinement émancipé : "Ah mais je coupe le cordon ! Je n'ai jamais été politique ! Vous savez, je suis monté à Villepinte et on m'a taxé de sarkozyste (...) Il était à l'époque ostracisé par la presse, François Hollande l'est par le peuple", se contente-t-il d'observer. Plus loin, il résume, avec sa poésie musclée habituelle : "Je ne suis ni de gauche ni de droite. Je suis un homme vivant. Emerveillé par ce qui l'entoure et qui devient sourd à la connerie. D'ailleurs, j'ai des otites plein les oreilles. Dans une rue, il n'y a pas un trottoir de gauche et un trottoir de droite. Il y a des gens sympathiques partout et des cons partout. Parfois, il faut savoir faire du slalom."

Affranchi, Gérard Depardieu n'a rien à cacher. Il fait ce qu'il dit, et dit ce qu'il fait en Russie : "Je vis. Je fais du cinéma. Des affaires. J'ai une société russe, qui s'appelle IP. Je suis entrepreneur. Je paie mes taxes là-bas aussi, 13% de taxes à l'Etat. Plus les pourcentages sur les sociétés qui sont moindres. [Des sociétés] de tout, du commerce, de la restauration, du cinéma, de l'immobilier, du tourisme... Je suis en train de monter en Russie, à Saransk, un écotourisme, avec les gens des villages, qui sont exceptionnels."

Gérard Depardieu, citoyen du monde ? Un monde à lui tout seul, en tout cas.

G.J.

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