Prêt à en découdre avec ceux qui lui demandent de rendre des comptes, Jacques Chirac n'a laissé aucune ombre entamer son franc sourire et cette allure débonnaire qui participe largement de sa popularité toujours au beau fixe, lors de sa participation active à la Foire du livre de Brive.
Quelques heures après s'être exprimé avec panache au micro d'Europe 1 concernant son renvoi en correctionnelle dans l'affaire des présumés emplois fictifs de la Mairie de Paris, l'ancien président était accueilli en véritable star dans le département si cher à son coeur, la Corrèze - berceau de la famille Chirac, il y avait été élu en 1965 conseiller municipal de Sainte-Féréole, commune de son grand-père maternel, puis avait assumé plus tard les fonctions de président du Conseil Général, désormais dévolues à François Hollande.
Jacques Chirac venait présenter, lors de l'événement littéraire, le premier tome de ses mémoires tellement médiatiques, Chaque pas doit être un but (titre emprunté à Goethe). A cette occasion, il était accompagné par sa femme Bernadette Chirac, conseillère générale de Corrèze depuis 1979 et adjointe au maire de Sarran, et leur fille Claude, qui gère la communication de son père, veillle à son image, le conseille et a logiquement passé une bonne partie de son temps à faire la vigie et au téléphone.
Evoquant l'ouvrage confessionnel de son époux, l'ex-première dame, dont on connaît le caractère parfois entier, n'a pas manqué d'alimenter le buzz en affirmant qu'elle aurait volontiers fait des coupes : "C'est un livre qui relate les événements qu'il a souhaité décrire depuis son entrée ne politique jusqu'à l'élection présidentielle. C'est un bon livre, mais, vous savez, j'ai une certaine personnalité, il y a des passages que j'aurais préféré ne pas voir. Vous n'en saurez pas plus". Malgré ses réticences sur le contenu, Bernadette, pour la forme, n'a pas hésité à suppléer son mari, signant elle-même des dédicaces de son ouvrage sur le stand. Il faut dire que le succès est au rendez-vous : après les 500 ventes dédicacées du vendredi, les 1500 exemplaires initialement prévus par l'éditeur (Nil) n'ont pas suffi le samedi !
Un stand où c'est finalement une doublette qui a été à l'honneur, François Hollande, maire de Tulle, ayant "fait équipe" avec Jacques Chirac dans un "passage de témoin corrézien" selon des termes prêtés à Bernadette, le rejoignant à la mi-journée du samedi pour présenter, à son côté, son propre ouvrage, Droit d'inventaires, qu'il lui a offert par ailleurs tandis que l'ex-président le gratifiait d'une dédicace "courtoise et républicaine" de ses mémoires. Après les cordiales retrouvailles Chirac-Sarkozy, cette rencontre a été émaillée de bons sentiments mutuels, dans une région acquise à la cause des deux membres du duo : alors que Chirac avait estimé que Hollande "peut avoir l'ambition car il en a les moyens" dans le quotidien La Montagne, le président du conseil général corrézien a salué la "construction républicaine" d'un ancien adversaire qu'il respecte.









