Pour défendre son projet fou qu'il a travaillé durant sept années de sa vie, Jamel Debbouze est infatigable. Pour parler avec passion de ce long métrage d'animation en motion capture - une première en France - baptisé Pourquoi j'ai pas mangé mon père (libre adaptation du best seller de Roy Lewis), la star française ne manque pas d'énergie. Il multiplie les plateaux télévision, que ce soit avec Mélissa Theuriau, sa femme adorée et mère de ses enfants Léon et Lila, ou seul comme dans Touche pas à mon poste. Pourtant, il n'a pas accepté tous les entretiens, comme il l'explique au magazine Première.
Dans une interview fleuve et sans concession, Jamel Debbouze revient sur un épisode particulier de la promotion de son film. Le journaliste lui dit : "On a halluciné en écoutant l'interview que tu as récemment donnée pour la matinale d'une grande radio [il ne citera pas le nom volontairement] : tu voulais parler du film, mais le journaliste ne voulait te faire parler que de Charlie Hebdo, des Enfoirés..." À cela, l'humoriste répond : "Ça m'a saoulé. Grave. J'ai annulé la moitié de mes interviews à cause de ça."
Pourquoi Jamel Debbouze est-il constamment sollicité pour parler des sujets de société et politiques ? "Parce que je suis un jeune musulman de banlieue, en premier." Il y en a d'autres mais lui est "populaire". "Et je rassure la petite dame. Je suis un exemple d'intégration", ajoute-t-il. Un sentiment qu'il a eu également lorsqu'on lui a demandé de s'exprimer après les attentats de Charlie Hebdo : "Pour beaucoup, je suis un mec issu des quartiers, musulman, en rapport avec ce qui s'est passé. J'ai jamais eu autant de pression de ma vie que pour répondre à cette interview [celle de 7 à 8 sur TF1]. (...) Je pensais que j'étais plus français que ça." Mais cela lui a permis de faire une belle déclaration d'amour à la France et de montrer un homme loin de tous les clichés qui ont explosé après les attentats. Un discours plein d'humanité qui était fort et apporte de la lumière face aux discours qui divisent.
Il faut dire que l'engagement de Jamel a toujours été important. Conscient de ce qu'il représente malgré lui, il veut véhiculer une image positive, répandre des messages humanistes - son dernier film en est la preuve - et braquer les projecteurs sur des moments de l'histoire trop méconnus et qui gagnerait à être célébré. Le film La Marche dans lequel il tient un petit rôle en était la preuve probante mais : "C'est dommage qu'on ait besoin de moi [de son nom] pour faire ce film]." Il regrette d'ailleurs que le film n'est pas rencontré un grand succès en salles avec 177 245 entrées.
S'il veut semer de l'amour et de l'humour partout où il passe, Jamel Debbouze ne tient pas un discours lisse pour autant. Il dira qu'il ne pourra jamais tourner avec Francis Veber : "Il est trop à la virgule près, il se regarde et ne regarde pas assez les autres..." Avec Jean-Pierre Jeunet qui l'a fait tourner dans Amélie Poulain, il s'est moyennement éclaté mais reconnaît la beauté de l'univers du cinéaste et qu'il l'a laissé faire ce qu'il voulait. Enfin, il admettra avoir tourné des publicités pour l'argent : "C'était pour financer des projets, je sais que c'est pas noble mais je l'ai fait. Pour avoir de l'oseille pour le Jamel Comedy Club. Jamais pour moi, pour des trucs précis."
Au sommet aujourd'hui de sa popularité, Jamel se souvient aussi du choc lorsqu'il a explosé le box-office avec Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre : "Je me suis acheté une Ferrari." Il a réussi même à rentrer avec plus d'une vingtaine d'amis aux Bains douches ! "Bonjour, je suis Numérobis, c'est moi, Numérobis." Un parcours étonnant pour le garçon qui, frappé par un accident qui l'empêche d'utiliser sa main droite, est devenu l'une des stars les plus influentes du showbiz français.
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Première du mois d'avril.
Pourquoi j'ai pas mangé mon père, en salles le 8 avril