La Fouine : De 'ma mère me manque' à 'Sirkis est un gros con', sans concession
Publié le 28 février 2013 à 13:29
Par Guillaume J.
La Fouine dans le Cabinet des Curiosités n°54 de Darkplanneur, en février 2013, autour de la sortie de l'album Drôle de parcours. La Fouine dans le Cabinet des Curiosités n°54 de Darkplanneur, en février 2013, autour de la sortie de l'album Drôle de parcours.
La Fouine, J'avais pas les mots, extrait de l'album Drôle de parcours (2013)
La Fouine dans le Cabinet des Curiosités n°54 de Darkplanneur, en février 2013, autour de la sortie de l'album Drôle de parcours.
La Fouine, Paname Boss, extrait de l'album Drôle de parcours et pièce à conviction dans la guerre avec Booba.
La Fouine dans le Cabinet des Curiosités n°54 de Darkplanneur, en février 2013, autour de la sortie de l'album Drôle de parcours.
La Fouine dans le Cabinet des Curiosités n°54 de Darkplanneur, en février 2013, autour de la sortie de l'album Drôle de parcours.
La Fouine dans le Cabinet des Curiosités n°54 de Darkplanneur, en février 2013, autour de la sortie de l'album Drôle de parcours.
La Fouine dans le Cabinet des Curiosités n°54 de Darkplanneur, en février 2013, autour de la sortie de l'album Drôle de parcours.
La Fouine dans le Cabinet des Curiosités n°54 de Darkplanneur, en février 2013, autour de la sortie de l'album Drôle de parcours.
La Fouine dans le Cabinet des Curiosités n°54 de Darkplanneur, en février 2013, autour de la sortie de l'album Drôle de parcours.
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Drôle de parcours, en effet, que celui de La Fouine. Jonché de bémols, mais en forme de dièse : "Donne-moi l'échec et je le transformerai en succès, ça résume bien", constate l'intéressé en paraphrasant un de ses propres nouveaux textes (Donne-moi).

"Ma jeunesse, je ne l'ai pas vue passer", confie le rappeur star à Darkplanneur, dans un n°54 du Cabinet des Curiosités qui accueille un patient au background intense et se propose de jeter la lumière sur ses ombres au tableau, en écho à la sortie de l'album Drôle de parcours : la prison, la violence, la nostalgie, la mort de sa mère, la mort tout court... Morceaux choisis d'un auto-portrait contemporain sous l'impulsion du Darkplanneur Eric Briones.

La prison, et après ?

De fait, quand Laouni se raconte, les chapitres passés et refermés semblent appeler d'eux-mêmes un drôle de flow narratif : "A 15 ans, j'ai frappé mon professeur, je me suis retrouvé en foyer de justice, à 16 ans je me suis retrouvé en prison, ensuite en foyer après la prison, à 17 ans encore en prison, ensuite foyer après la prison, ensuite 19 ans encore en prison, ensuite en foyer encore, ensuite à 21 ans encore la prison. Toutes les fois où je me suis retrouvé en prison, j'avais pas mal, je ne souffrais pas, parce que dehors j'avais rien. Aujourd'hui je suis quelqu'un d'heureux, mais je pense que j'ai toujours été heureux. Un petit match de foot, un petit joint, une petite partie de console..."

Aucune chance d'être "un artiste tout lisse" avec une telle extraction. La galère comme ferment artistique :

"Un jour, quand j'avais 16 ans, j'étais à la maison d'Osny, dans le 95. Une semaine après mon arrivée dans cet enfer, pour une bagarre en promenade, on m'a foutu au mitard. Je suis resté dix jours dans cette pièce, c'était un enfer. Je me rappelle que j'écrivais des textes sur les murs. A ce moment-là, j'ai eu une sorte de vision : je me suis juré que si un jour je devenais quelqu'un et je sortais de cette misère, les larmes aux yeux, tout ce que j'ai vécu, il y a tellement de choses que je pourrais en parler toute ma vie."

Effectivement, ce vécu, il préfère en parler plutôt que de le taire et de le détourner pour continuer à jouer le jeu malsain du rap game, auquel il a seulement sacrifié, en préambule à l'album, Paname Boss, droit dans ses bottes devant Booba, avec qui il n'est pas loin du point de non-retour. Et derrière le titre Drôle de parcours, promesse préliminaire de récit et d'introspection, mais aussi tourné vers l'avenir, La Fouine embarque tous ses bagages, pour mieux mesurer le chemin parcouru et envisager celui qui se présente. C'est l'objet de Demain, on verra, son duo avec Corneille, qui lui renvoie l'ascenseur après l'avoir accueilli sur un autre titre d'homme mature, Des pères, des hommes et des frères. "Cette chanson, elle en dit long, il y a une grosse part de mon vécu dedans, ce côté catastrophe. Il y a quelque chose qui vient de se passer. Voilà, les sirènes. Ça peut aussi être les sirènes de la liberté."

"J'aurais pu haïr la France, parce qu'un jour, alors que j'avais décidé de m'en sortir dans la vie, la police est venue me chercher un matin et m'a foutu en prison pour un crime que je n'avais pas commis, un incendie volontaire. Quelques mois là-dedans... J'aurais pu en vouloir à toute la société. Mais non, j'ai positivé, je me suis dit 't'as fait des conneries toute ta vie sans te faire attraper, voilà aujourd'hui tu te fais attraper pour un truc que t'as pas fait, c'est normal, c'est justice'." Laouni n'en a pas tout à fait fini avec la prison : "Je suis sur un gros projet, c'est la première fois que ça se fait : des prisonniers qui vont sortir un album."

La nostalgie, et après ?

Pas de quoi être nostalgique de ce côté-là, celui de la vie derrière les barreaux. Et si La Fouine a pu dire qu'il n'y avait "rien dehors", il n'y avait pas tout à fait rien. Il y avait suffisamment pour ressentir le manque, a posteriori : "Ma mère me manque énormément. Les petits plats cuisinés dans la cuisine en rentrant le soir, cette odeur de pain arabe... Tout ça me manque, je suis très nostalgique du fait d'avoir perdu ma mère [décédée en 2005 des suites d'une maladie, NDLR]. C'est des moments importants que j'ai pas savourés puisque j'étais tout le temps en prison ou en foyer. Des moments que je me suis volés tout seul, et qui me manquent beaucoup, comme je le dis dans la chanson J'espère. J'ai jamais dit "je t'aime" à ma mère, jamais eu une réelle discussion d'adulte avec ma mère. Tu respectes, c'est tout, à l'ancienne." Des souvenirs, des regrets... Il n'est à ce sujet pas anodin que le morceau d'ouverture de Drôle de parcours, également son premier single, soit J'avais pas les mots...

La mort, et après ?

Cible de coups de feu devant son domicile le jour de la sortie de son cinquième album, en début de mois, Laouni affiche une forme de sérénité saisissante. Un épisode qui met en lumière son rapport très prosaïque et dédramatisé à la mort : "Quand j'ai entendu des coups de feu, j'ai pensé à ma fille [Fatima], j'ai pensé à ma famille. J'ai pas eu peur, parce que j'ai peur que de Dieu et je sais qu'un jour on va tous y aller. J'étais triste, j'étais aussi très énervé. (...) J'ai beaucoup fait face à la mort. Que ce soit moi, parce que plusieurs fois j'ai été dans des histoires bizarres, ou des amis qui nous ont quittés. C'est quelque chose qui ne me fait pas peur, de normal, de naturel", explique-t-il calmement à propos des évenements mais aussi du parfum de mort qui règne dans son album.

Sa propre mort fait même l'objet d'un morceau, Quand je partirai. "Un soir de cafard, j'ai écrit cette chanson. En la réécoutant le lendemain, j'ai dit 'wow, c'est noir, ça'." Ça fait du bien un peu de noirceur comme ça, dans un album." Une chanson en langue urbaine de 2013... inspirée de Jacques Brel et de son classique funéraire : A mon dernier repas. "Une grande partie de mon inspiration me vient de Jacques Brel, de Brassens, de Léo Ferré. (...) J'apprends de nouveaux mots, leurs mots à eux. (...) C'était un témoignage de leur temps. J'ai l'impression que mon album est aussi un témoignage de mon temps, de ma jeunesse, de ce que les jeunes vivent", commente l'auteur.

Des références qui n'empêchent pas une pointe de cynisme très personnel : "Une belle mort, c'est un accident d'avion. Parce qu'au moins je ne serai pas tout seul, on sera 200."

Le clash, et après ?

La guerre avec Booba a de l'avenir, mais elle n'est pas la seule à avoir accaparé La Fouine récemment. Le rappeur, qui a largement prouvé son ouverture d'esprit artistique et son sens du crossover en collaborant dernièrement avec Patrick Bruel, semble également avoir atteint un point de non-retour dans sa (non-)relation avec Nicola Sirkis d'Indochine, qu'il accuse de l'avoir enfoncé lors d'une affaire peu glorieuse en Belgique (deux agents de son service d'ordre avaient tabassé deux spectateurs à sa demande). Nicola Sirkis, qui a claqué la porte de Sony suite à cette histoire ("La Fouine + Sexion D'Assaut = Bye Bye Sony" et "Je suis très en colère contre Sony", avait-il tweeté à l'époque), a le don de se mettre beaucoup de monde à dos en ce moment, et La Fouine en rajoute une couche - avec modération, convient-il de remarquer : "Ce mec-là, il sort un album là, pour faire le buzz, il clashe un peu la Nouvelle Star. Le jour où j'ai eu des problèmes avec les médias belges, il tweete ça. Alors qu'on avait le même chef de produit, qui lui-même était très embarrassé, parce qu'il m'aime beaucoup, il aime bien Indochine, au lieu de se serrer les coudes, je passe un moment difficile, d'essayer de calmer les choses, il essaye de nous enfoncer. Je ne sais pas si c'est une sorte de jalousie, je ne vois pas pourquoi il nous jalouserait, le mec il vend plein de disques, il remplit des Stade de France... Je pense que Sirkis est un gros con."

Plus libre que jamais à 31 ans, Laouni alias La Fouine n'est sans doute pas au bout de son drôle de parcours : "Plus j'avance dans ma carrière, et plus je fais tout le contraire."
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