Maurice Pialat, sa veuve Sylvie raconte : ''Il a tellement aimé son fils''
Publié le 13 mars 2015 à 22:40
Par Samya Yakoubaly | Rédactrice
Cinéphile, elle adore regarder des bande-annonces et des moments historiques à la télévision. Le prochain James Bond ou le discours d’investiture de Barack Obama lui donnent les mêmes frissons.
Maurice Pialat invité de Vivement dimanche en 2001 Maurice Pialat invité de Vivement dimanche en 2001© BestImage
Gérard Depardieu, Sylvie Pialat et son fils Antoine lors du Festival de Cannes 2007
Sylvie Pialat, Abderrahmane Sissako et Kessen Tall (César du Meilleur scénario original) - Press room de la 40ème cérémonie des César au théâtre du Châtelet à Paris. Le 20 février 2015
La gagnante, la productrice Sylvie Pialat pour le film 'Timbuktu' - Dîner des producteurs et remise du prix "Daniel Toscan du Plantier" à la productrice du film "Timbuktu" au Four Seasons Hotel George V à Paris le 16 février 2015
Sylvie Pialat lors des funérailles de Maurice Pialat à Paris le 16 janvier 2003
Maurice Pialat et Gérard Depardieu lors du Festival de Cannes 2007
Sylvie Pialat et Gérard Depardieu lors du Festival de Cannes 2007
Sylvie Pialat lors des funérailles de Maurice Pialat à Paris le 16 janvier 2003
Christopher Thompson, Antoine Pialat et sa mère Sylvie Pialat lors des funérailles de Maurice Pialat à Paris le 16 janvier 2003
Gérard Depardieu, Sandrine Bonnaire et Maurice Pialat lors du Festival de Cannes 1987 et la présentation du film Sous le soleil de Satan
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Femme de l'ombre car productrice, Sylvie Pialat s'est retrouvée projetée en pleine lumière grâce au succès du film qu'elle a accompagné, Timbuktu d'Abderrahmane Sissako. Sacré aux César, nommé aux Oscars et crédité de plus d'un million d'entrées, le film prouve que le travail passionné de la veuve de Maurice Pialat fait rimer film d'auteur et succès. Interviewée par le magazine Elle, elle revient sur son travail et raconte aussi sa vie avec le grand cinéaste et comment elle s'est relevée après sa mort, se livrant en toute franchise.

Ni un prof, ni un pygmalion

Sylvie Pialat avait 22 ans quand elle a rencontré Maurice Pialat, par le biais de Cyril Collard, alors assistant-réalisateur sur le tournage d'A nos amours, qui l'a embauchée comme directrice de régie : "J'étais très mûre voire blette ! On avait trente-cinq ans de différence d'âge, mais jamais je n'ai senti sur nous un regard qui nous montrait ces trente-cinq ans comme un collier. Du genre : il s'emmerde pas le vieux avec sa minette ! J'étais très peu minette et il était très peu vieux. Ou, pour le dire autrement, j'étais très équilibrée et lui n'était ni un prof ni un pygmalion. Il ne m'a pas changée. Telle que j'étais, je suis." Si elle avoue sans détour qu'il pouvait être "un monstre", elle explique que c'était un homme qui était entier : "Avec lui, t'étais quelqu'un ou t'étais pas quelqu'un."

A son fils, il a tout donné

On se souvient de son coup d'éclat à Cannes, lorsqu'il a dit, hué pour son film Sous le soleil de Satan : "Si vous ne m'aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus." On connaît moins le papa qu'il est devenu, lorsque Sylvie Pialat a donné naissance à leur fils, Antoine, 24 ans aujourd'hui : "Il a tellement aimé son fils ! Il a eu 20 secondes à sa naissance pour se dire : qu'est-ce que je fais, je le fais chier pendant vingt ans comme on m'a fait chier ou je lui donne ce que je n'ai pas reçu ? Et il a tout donné." Pendant neuf ans, lorsque Maurice Pialat est tombé malade, ils ont vécu en vase clos : "Malgré l'horreur de la maladie, il a fait des efforts surhumains pour que notre fils soit épargné." Leur enfant a joué dans Le Garçu, son ultime film, lorsqu'il avait 4 ans : "En revoyant le film, j'ai compris qu'il me disait que j'avais le droit de continuer à vivre."

"A la mort de Maurice, je n'avais rien"

En 2003, Maurice Pialat meurt des suites d'une maladie rénale. Sylvia Pialat a 42 ans et elle doit se remettre du chagrin, mais également de la situation financière dans laquelle elle se trouve : "Il était malade depuis neuf ans, ça veut dire neuf ans sans travailler, ni lui ni moi. Je n'allais pas payer une infirmière pour Maurice et une nounou pour Antoine. (...) Comme on n'avait pas de pactole, on a vendu notre maison, notre société. Et à la mort de Maurice, je n'avais rien. (....) Je ne pouvais pas imaginer non plus que Daniel Toscan du Plantier, le producteur de Maurice, avec qui j'avais prévu de travailler, allait mourir un mois, jour pour jour, après mon mari." Le nom de Pialat lui permet de retenir l'attention, mais pas forcément celle qu'on aurait pensé : "Beaucoup de gens pensaient que j'étais la fille de Maurice."

Aujourd'hui, Sylvie Pialat est devenue une productrice incontournable du cinéma français. Son prochain film ? The Valley of Love avec Isabelle Huppert et Gérard Depardieu, le couple de Loulou, réalisé par son défunt mari. L'histoire de deux acteurs qui ont délaissé leur enfant et reçoivent chacun une lettre leur annonçant qu'il s'est suicidé et leur donnant rendez-vous dans la Vallée de la mort. "Je n'osais pas en parler à Gérard car ça ressemble pas mal à l'histoire de son fils, Guillaume. Et puis je l'ai rencontré dans la rue, je me suis lancée et il a dit oui." Avec le monstre sacré du cinéma, elle a gardé des liens très forts : "Gros Gégé, comme l'appelait Antoine quand il était petit, est le parrain de mon fils." Et on sait à quel point l'acteur est toujours attaché à son ami Pialat aussi, même si l'au-delà les sépare.

Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Elle du 13 mars

Affiche du film Le Garçu de Maurice Pialat avec Gérard Depardieu et Antoine Pialat © DR
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