Rentré bredouille du Festival de Cannes, le long-métrage Ma vie avec Liberace (Behind the Candelabra) de Steven Soderbergh récolte ses lauriers ailleurs. Il a été choisi pour faire l'ouverture du Festival du cinéma américain de Deauville le vendredi 30 août et sa diffusion sur la chaîne américaine payante HBO a été un beau succès : dévoilé dimanche 25 mai, à la place du traditionnel épisode inédit de la série Game of Thrones, il a séduit 2,4 millions de téléspectateurs. Jugée "trop gay" pour attirer les distributeurs de cinéma aux Etats-Unis, cette oeuvre avec Michael Douglas et Matt Damon a eu sa revanche sur le petit écran.
La star Michael Douglas, aperçue au Grand Prix de Monaco et dans les soirées post-GP, a été pressentie pour un prix d'interprétation cannoise pour son rôle dans la peau de Liberace, pianiste populaire de music hall, homosexuel et décédé du sida. La récompense reviendra à un autre Américain, Bruce Dern, pour Nebraska, mais qu'importe, le héros de Wall Street, remis de son cancer de la gorge, a toute l'énergie et l'enthousiasme qu'il faut pour parler de ce film. En interview pour Shortlist, l'époux de Catherine Zeta-Jones a abordé la question du coming-out dans le monde du cinéma lorsqu'on lui demande si le public serait gêné de voir des acteurs ouvertement gays jouer des hétéros : "C'est une bonne question. Sans dire de noms, je crois qu'il y a des acteurs qui n'ont pas fait de coming-out, afin de protéger leur carrière et leur vie. C'est probablement plus difficile de cette façon. Je pense que c'est vrai."
La question homosexuelle est toujours délicate dans le show-business et c'est avec une certaine déception qu'il a vu que Ma Vie avec Liberace ne sortirait pas au cinéma aux Etats-Unis, décrit comme "trop gay" : "Ce n'était pas ça. Je pense que les studios, dans leur grande sagesse, même avec les noms de Matt Damon, de Soderbergh et de moi-même attachés au projet, ont pensé que le film n'attirerait que des spectateurs gays. Avec le coût du marketing et de la fabrication, ils n'ont pas voulu prendre de risques. [...] Vous savez, la plupart des studios ne veulent pas avoir à traiter avec de petits films qui auraient besoin d'un budget marketing important, sans pour autant promettre de grosses recettes. Travailler avec la chaîne HBO nous a permis de venir au Festival de Cannes, de faire partie de la compétition et d'être considéré comme un véritable film. Et il va sortir dans les salles à travers le monde. La réalité est que le reste du monde représente près de 70% dans le business américain. Donc je vois ça finalement comme une perte pour les studios."
"Ma vie avec Liberace", en salles le 18 septembre