Alors qu'il sortira le 20 janvier prochain sur les écrans, hier matin, au Gaumont-Marignan, une des salles parmi les plus prestigieuses des Champs-Elysées, nous avons pu découvrir en avant-première, Gainsbourg (vie héroïque), le film de Joann Sfar consacré au célèbre compositeur, musicien et chanteur.
Le jeune acteur Eric Elmosnino l'incarne à l'écran. Près de cinq cents personnes, dont une large majorité de journalistes ont assisté à cette projection d'un long métrage très attendu depuis qu'il a été lancé par Joann Sfar, dessinateur bien connu de bandes dessinées, et qui signe là de formidables débuts de réalisateur. Car, il faut bien l'avouer, ce "Gainsbourg" est une réussite totale.
D'abord, parce qu'il ne s'agit pas du tout d'un biopic classique, une biographie filmée dans l'esprit de La Mome d'Olivier Dahan sur la vie d'Edith Piaf . Joann Sfar réinvente le genre en choisissant de nous raconter l'itinéraire artistique de "l'homme à la tête de chou", à travers quelques-uns des grands moments de la vie de Gainsbourg jusqu'à Gainsbarre.
Il nous montre un Serge gamin dans le Paris occupé par les soldats allemands, qui s'appelle alors Lucien Ginsburg - joué par Kacey Mottet-Klein, un petit garçon extraordinaire -, qui veut porter l'étoile jaune et ne veut pas apprendre le piano, malgré les encouragements de son père. Un comble pour celui qui deviendra un sacré pianiste plus tard. Rapidement, on passe ensuite aux débuts de Gainsbourg dans le Saint-Germain des Près des années cinquante, où sa petite réputation de pianiste de bar et de compositeur, va lui permettre de rencontrer une certaine Juliette Gréco . Elle est interprétée par une étonnante Anna Mouglalis . Belle, sexy, elle tombe sous le charme de Gainsbourg, qui lui offre La Javanaise. On comprend évidemment que pour Joann Sfar la vie du chanteur est intimement liée à ses rencontres amoureuses. Et quel tombeur, ce Gainsbourg.
Plus tard, il séduira "artistiquement" France Gall ( Sara Forestier la campe avec maestria) grâce aux Poupée de son, poupée de cire et Les sucettes à l'anis. Arrive alors Brigitte Bardot . C'est à Laetitia Casta qui incarne celle à qu'il il dédiera son fameux Initiales B.B. Une grande histoire d'amour entre eux, dont Joann Sfar campe la passion incadescente et la sensualité à fleur de peau . On se régale de voir la naissance de Bonnie et Clyde et de Je t'aime, moi non plus. Un morceau qui ne sera publié que beaucoup plus tard, car jugé scandaleux pour l'époque. Et que Serge chantera finalement avec Jane Birkin . La petite comédienne anglaise, séparée de son mari le compositeur John Barry , et que Gainsbourg rencontre un peu par hasard dans une boîte de nuit, l'Elysée Matignon, où il a ses habitudes. Ce soir-là de 1969, il est charmé par la jeune femme qui au pied levé a été choisie par le réalisateur Pierre Grimblat pour jouer dans Slogan. Marisa Berenson a été virée quelques jours auparavant.
La jeune Lucy Gordon , cette actrice anglaise si prometteuse - qui s'est suicidée en mai 2009 -, incarne Jane Birkin à l'écran. Il est dommage que la vraie Jane ne veuille pas voir le film , elle aimerait beaucoup. Look, accent, humour... La ressemblance avec la vraie J.B. est impressionnante de réalisme et de justesse. Serge est alors le plus heureux des hommes quand elle lui donne son premier enfant, la petite Charlotte au début des années 70. Il est célèbre, a de l'argent, et il fait la une des journaux. Mais il commence aussi à vivre l'enfer. Il boit de plus en plus et fait un infarctus... Jane en a marre. Elle s'en va.
Plus tard, il rencontrera dans une night club parisien, une très jeune femme, Bambou (Mylène Jampanoi est remarquable). Elle lui donnera un petit Lulu...
Gainsbourg dure plus de deux heures. On ne s'ennuie pas une seconde. On y retrouve beaucoup de traits de la personnalité du chanteur, son humour, ses gitanes, sa barbe de trois jours, ses folies, ses succès, ses échecs, ses amours. Quant à la BO, elle est aussi on ne peut plus réussie. On se régale des vieux tubes que Joann Sfar a choisi pour nous restituer cette star à jamais égalée.
On vous rappelle que les principales actrices chantent elles-mêmes les chansons dans le film, un bel exploit. Ce n'est pas l'interdiction (ridicule !) de l'affichage dans le métro de l'affiche du film, qui empêchera son succès. C'est une magnifique réalisation, très bien tournée et les actrices et acteurs sont exceptionnels.
Surtout, ne ratez pas ce film à sa sortie en janvier. L'année 2010 va bien commencer sur nos écrans... En attendant, après vous avoir proposé un premier teaser très bluffant, nous vous invitons à retrouver ici la sulfureuse bande-annonce qui fait vraiment envie !









