Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication, défend âprement le projet de suppression de la publicité à la télévision publique. Dans une interview accordée au JDD, elle s'engage, notamment contre l'interdiction de la téréalité sur le service public.
Il est amusant de voir s'empoigner ennemis et défenseurs d'une télévision publique indépendante de la publicité. Alors que le service public s'était battu bec et griffe pour interdire l'arrivée de la pub dans les années 1970, on voit aujourd'hui les mêmes revendiquer le maintien de cette publicité tant méprisée. Car seule compte, au fond, la question du financement du service public. Sans pub, qui paiera? Pas question, nous dit-on, de doubler le montant de la redevance, pour arriver à un niveau équivalent à ce que chaque citoyen paie, par exemple, en Allemagne et en Grande-Bretagne. Mais en même temps, le seul bailleur de fonds étant l'Etat, ce qu'on ne prendra directement pas dans la poche du contribuable sous forme de redevance, on le prélèvera sous la forme d'autres taxes. De toute façon, le téléspectateur paiera. Mais pour voir quoi?
Ceux qui rêvent d'une "télévision de qualité" (comprenez des programmes majoritairement rasoirs) n'ont à l'évidence pas demandé son avis au public. Car, à les entendre, ce dernier ne réclamerait que de l'opéra, des ballets et des débats culturels.
C'est oublier au passage le recul constant et inéluctable des grandes chaînes au profit des chaînes câblées. Les nouvelles technologies, avec notamment la possibilité de faire son programme à la demande et de le regarder quand on le souhaite (podcasts), ont favorisé l'apparition d'un nouveau consommateur de loisirs : il se distrait "à la carte". Bref, le directeur des programmes, c'est vous, moi, M. Tout le monde. Cette évolution n'est pas sans rappeler celle de la consommation et de la production de la musique populaire, qui voit, petit à petit, reculer l'influence des grandes maisons de disques au profit de structures sans intermédiaires sur Internet.
Ce que Madame Albanel semble ne pas voir, c'est que la téléréalité n'est pas seulement un complot des marchands du temple pour pervertir la télé et ceux qui la regardent. Elle correspond à une forme de demande. Si on ne la trouve pas sur le service public, on ira la chercher alleurs. Seul regret, devoir continuer à payer une redevance pour des chaînes qu'on ne regardera plus jamais...
Et ça quand même, c'est ballot Madame Albanel !









