Son nom de famille est connu de tous. D'abord à travers Guy, le père, humoriste et auteur reconnu, aussi acclamé que critiqué. Avec Joëlle Bercot, ex-danseuse et mannequin, il a fondé une famille. Il y a Nicolas, le fils, lui aussi talentueux manipulateur de mots, dont on connaît les chroniques acerbes et les qualités scéniques - dernièrement mises au service de l'animation des Molières. Puis, vient Victoria, 31 ans. Son prénom s'impose aujourd'hui de plus en plus. C'est à elle qu'on doit le scénario de La Famille Bélier, le film aux 7 millions d'entrées, qu'elle a coécrit avec Stanislas Carré de Malberg et qui a été adapté par Eric Lartigau et Thomas Bidegain. Paris Match braque les projecteurs sur cette jeune femme épatante qui a, non sans difficulté, a su trouver sa place au sein de sa famille.
On ne l'aurait pas forcément imaginé, mais La Famille Bélier a de vrais échos autobiographiques, pour la scénariste Victoria Bedos. Comme son héroïne, il n'a pas été simple pour elle de s'imposer dans sa famille, entre ses parents - son illustre père, sa mère, qu'elle décrit comme très belle et qui est le pilier de la famille, sa demi-soeur Mélanie, qui a six ans de plus qu'elle [il y aussi Leslie, journaliste de 58 ans], et Nicolas, son aîné de quatre ans. Qu'on ne se méprenne pas, elle n'a que des éloges pour chacun des membres de sa tribu, mais elle a choisi pour s'affirmer de ne pas être cynique, ni mélancolique, comme son père et son frère. Voulant aller bien, et croyant qu'il fallait être sombre pour créer, elle met de côté les ambitions artistiques, mais l'envie d'écrire arrivera au galop. D'ailleurs, elle a souffert en écrivant La Famille Bélier : "Je n'ai pas cessé de pleurer pendant trois ans et demi", révèle-t-elle.
Des épreuves, Victoria Bedos en a affrontées. Celle de se sentir physiquement très en retard - "j'ai commencé à avoir des seins à 22 ans" -, celle d'avoir du mal à se divertir tout en voyant son frère s'éclater, celle d'avoir cru longtemps mourir jeune, emportée par le cancer (qui a terrassé une grande partie de sa famille) à force d'accumuler des choses qui pourraient se transformer en tumeur. Dans ces difficultés qui jalonnent sa vie, il y a aussi une histoire amoureuse qu'elle raconte sans tabou : "J'ai écrit Le Déni sur les conseils d'un auteur avec qui je vivais une histoire d'amour et que j'ai failli épouser, j'avais déjà la robe. Mes parents s'opposaient à cette union, et je me suis enfuie au dernier moment." Aujourd'hui, elle préfère "plutôt crever que de [se] sacrifier pour un homme". Et ajoute : "C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai renoncé à me marier : je ne me voyais pas être la femme de quelqu'un."
Ses envies de fonder une famille viendront après : "Vous avez compris, je suis en retard sur tout." Pour le moment, elle prépare son prochain film, qui s'appelle Vicky Banjo, du nom de son duo musical déjanté. A suivre !
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Paris Match 30 avril