
Comme nous vous l'annoncions dès 21h40 hier, l'ex-otage franco-colombienne Ingrid Betancourt, 46 ans, a été libérée après plus de six ans de captivité. Au-delà du symbole évident de cette libération, c'est surtout le combat et le courage d'une femme exceptionnelle qui est à souligner, ainsi que la solidarité internationale qui a permis la concrétisation ce miracle.
Cette libération, espérée mais inattendue, a été annoncée officiellement par le ministre colombien de la Défense, Juan Manuel Santos, qui a précisé qu'en plus d'Ingrid, l'armée colombienne avait également libéré trois otages américains et onze militaires colombiens.
La première à s'être manifestée durant la soirée est la fille d'Ingrid, Mélanie Delloye, qui a déclaré lors d'une conférence de presse à l'Elysée en présence de Nicolas Sarkozy : "Je voudrais avant tout remercier le président Sarkozy, parce que depuis qu'il a pris les choses en main, tout s'est enclenché, et aujourd'hui maman est là. Je voudrais bien entendu remercier les autorités colombiennes pour ce qui vient d'avoir lieu. Avec toute la famille, on manque de mots. On n'attend que le moment de serrer enfin maman dans nos bras".
Un hommage au président français auquel son fils — Lorenzo Delloye — et son ex-mari — Fabrice Delloye — se sont joints : "Si, avec l'aide de Nicolas Sarkozy, le cas d'Ingrid n'avait pas été soulevé sur le plan international, le président Uribe n'aurait pas eu cette attention et cette prudence sur le dossier".
Ces quinze libérations ont, dès leurs annonces, provoqué de vifs sentiments de joie et de soulagement à Paris, à Washington, à Bogota, à Buenos-Aires, à Madrid, au Vatican, et dans plusieurs capitales du monde.
De son côté, Ingrid Betancourt a tenu à remercier la première dame de France — Carla Bruni —, pour son soutien et sa présence lors de la Marche Blanche du 6 avril dernier organisée pour sa libération, lors d'un entretien téléphonique que les deux femmes ont échangé hier soir.
L'ex-otage, actuellement à Bogota, a également émis le souhait de revenir le plus rapidement possible en France, voeu qui sera exaucé dans les prochaines heures, puisqu'elle sera rapatriée avec l'avion parti la chercher en compagnie de sa famille et du ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner.
De son côté, un comité de soutien à Ingrid, a annoncé qu'il organisait un "rassemblement du bonheur" aujourd'hui à 17H, à l'Hôtel de Ville de Paris : "Notre joie est immense car ce soir, c'est l'aboutissement d'un combat pour la Liberté qui rayonne."
A son arrivée hier soir à l'aéroport de Bogota, Ingrid est revenue sur les conditions de sa libération : "La façon dont nous avons été libérés est complétement surréaliste. Nous étions levés depuis 5H du matin. Les geôliers des Farc nous avaient demandé de ranger nos affaires et ils nous ont fait attendre toute la matinée en nous disant qu'ils ignoraient ce qui allait se passer".
L'armée colombienne aurait en fait infiltré des hommes parmi les guérilleros des Farc chargés de surveiller les otages. Ces derniers étaient en effet parvenus à faire croire aux geôliers que des dirigeants de l'état-major des rebelles voulaient rencontrer les otages. Dans cette optique, il fallait les regrouper et les véhiculer.
L'ex-otage franco-colombienne a poursuivi : "Une heure avant que les hélicoptères n'arrivent, j'ai parlé avec le commandant des Farc qui m'a dit que nous allions tous monter dans un hélicoptère et que nous irions dans un endroit qu'il ne connaissait pas, pour parler avec un dirigeant des Farc. Quand les deux hélicoptères sont arrivés, la confusion était totale. Nous sommes montés à bord avec beaucoup de difficultés car ils nous avaient lié les mains. Ils ont alors fermé les portes et soudain, j'ai vu le commandant des Farc nu sur le sol. Je n'ai même pas ressenti de bonheur à cet instant. Après avoir neutralisé les deux commandants des Farc qui étaient montés avec nous, le chef de l'opération a crié : 'Nous sommes l'armée nationale ! Vous êtes libres !' A ce moment, nous avons ri, sauté de joie, je pensais que c'était un miracle. L'opération militaire de l'armée de mon pays a été parfaite", a conclu Ingrid, rendant ainsi hommage à son ancien oppposant à la présidence de la Colombie, le président Alvaro Uribe, qui peut se targuer de la réussite exceptionnelle de cette mission pleine d'audace.
Aujourd'hui, toute la presse internationale se dit "soulagée" par cet extraordinaire dénouement, d'autant que d'après un médecin qui l'a oscultée, "l'état de santé d'Ingrid Betancourt semble plutôt rassurant, même si nous ne pouvons pas nous engager complètement avant d'avoir fait un vrai bilan", expliquant que "les otages, à leur libération, sont souvent dans un état d'euphorie avancé qui ne reflète pas forcément leur état réel".
Hier soir, dès son arrivée à l'aéroport de Bogota, Ingrid Betancourt a eu la joie de retrouver sa mère, Yolanda Pulecio, et son époux Juan-Carlos Lecompte.
Ses enfants — Mélanie et Lorenzo — accompagnés de Bernard Kouchner, se sont envolés de Paris dans la nuit, et devraient la rejoindre aujourd'hui vers 13H, heure française.
Un heureux dénouement, que nous ne manquerons pas de vous faire partager.









