Le journaliste du Point Aziz Zemouri, auteur d'un article mettant en cause à tort Raquel Garrido et Alexis Corbière, a été mis à pied et convoqué à un entretien préalable à un possible licenciement, a appris l'AFP vendredi de sources concordantes, confirmant une information de Libération. Contacté par l'AFP, le journaliste a présenté ses "excuses les plus sincères" au couple de députés Nupes-LFI de Seine-saint-Denis, estimant avoir été "victime d'une manipulation".
Sollicitée par l'AFP, la direction du Point n'a pas souhaité commenter ces informations. L'hebdomadaire est dans la tourmente depuis la publication sur son site d'un article accusant Raquel Garrido, 48 ans, et Alexis Corbière, 54 ans, d'exploiter une femme de ménage algérienne sans papiers. Fait très rare, l'article a été retiré jeudi, le directeur du Point, Étienne Gernelle, reconnaissant "des erreurs et des manquements à la prudence" et s'excusant auprès des députés et des lecteurs.
"Une enquête interne du Point a été diligentée", a rappelé vendredi Aziz Zemouri à l'AFP. "J'ai également effectué des investigations complémentaires qui m'ont amené à constater des incohérences qui me permettent de penser que j'ai été victime d'une manipulation", a-t-il déclaré. "Il ne s'agit pas seulement des messages Whatsapp qui ont été commentés et contestés", a-t-il ajouté en référence à des captures d'écran appuyant son article et dont l'authenticité a été mise en doute par des spécialistes du numérique. "Cela me semble bien orchestré. Dans cette mesure-là, je présente mes excuses les plus sincères à Raquel Garrido et Alexis Corbière. Le seul point qui me réconforte, c'est que je n'ai pas permis à cette information erronée d'influencer les scrutins" des législatives, a-t-il conclu.
Jeudi, il avait déclaré à l'AFP "j'espère pouvoir arriver à démontrer plus encore, mais je suis sûr et certain de mon info". Ce même jour, Raquel Garrido, sous le choc, avait demandé sur Twitter le "licenciement immédiat" du journaliste, invoquant un tort "indélébile". Elle ajoutait alors, "je n'en resterai pas là. Je ne pardonne pas qu'il s'en soit pris à nos enfants. Ma famille a trop souffert. Le tort causé est indélébile".
Son époux avait également réclamé des "sanctions", au nom de "l'honneur du métier" de journaliste. L'avocat du couple, Me Xavier Sauvignet, avait alors indiqué à l'AFP qu'il préparait deux plaintes, l'une pour diffamation publique et une autre contre X pour faux et usage de faux et usurpation d'identité. En juin 2021, Le Point et M. Zemouri avaient déjà été condamnés pour diffamation après un article de ce dernier. Il qualifiait d'ancienne "call-girl" l'actrice Sand Van Roy, qui accusait le cinéaste Luc Besson de viols et agressions sexuelles. D'après Arrêt sur images, Aziz Zemouri, aurait même été condamné à cinq reprises pour diffamation depuis 1995.