Difficile d'échapper aux critiques après une telle reconversion ? En tout cas, Olivier Véran s'y était préparé : neurologue de formation, devenu député, puis ministre de la Santé, puis porte-parole du gouvernement, le quadragénaire savait qu'il devrait répondre aux interrogations en annonçant qu'il comptait se lancer dans la médecine esthétique.
"Les gens ont le droit d'avoir un avis. Mais quoi que je fasse, il y aurait eu des critiques", explique-t-il même avec philosophie ce vendredi 22 mars dans Le Parisien. Il faut dire que son choix a de quoi étonner : comment passe-t-on des cerveaux, sa discipline de prédilection, aux liftings et autres interventions dans une clinique privée des beaux quartiers parisiens ?
"La neurologie a beaucoup évolué dans l'intervalle, et le fait d'avoir été ministre compliquait psychologiquement la relation avec les patients que l'on suit sur la durée", justifie le père de deux enfants, qui rassure cependant : pas question pour lui de faire de la "chirurgie esthétique", mais de la "médecine esthétique". "Je ne toucherais ni à des pénis, ni à des fessiers, et je serais très loin des prothèses mammaires", ironise-t-il d'ailleurs.
Une nouvelle carrière qui ne se déroulera qu'un seul jour par semaine : comme il le faisait avant d'entrer au gouvernement, le député de l'Isère ne consacrera qu'une partie de son temps à cette nouvelle activité pour laquelle il prend des cours à la faculté de Santé de Créteil. Mais il devrait pouvoir la pratiquer dans un cadre privilégié : très prisée des stars et des jeunes, la clinique des Champs-Elysées, située dans les plus beaux quartiers de Paris, est un bâtiment sur cinq étages, qui réalise notamment plus de 5500 interventions par an (notamment des augmentations mammaires, liposuccions, phalloplasties) et compte, selon Le Parisien, 13 millions d'euros de chiffre d'affaire.
Des chiffres qui font grincer des dents les responsables de la médecine : "C'est son choix personnel, dont acte. Mais quand un homme politique a été confronté aux difficultés d'accès aux soins, il est évident que l'on attend de lui une cohérence dans son engagement et une exemplarité", pique le président de la section santé publique de l'ordre des médecins Jean-Marcel Mourgues, qui se dit également "pantois", "dans l'incompréhension et dans la consternation". Très en colère, celui-ci prédit même que cela influe sur ses débats politiques : "Quand il sera de nouveau amené à débattre de l'accès aux soins, il sera clairement en difficulté."