Quand on voit Chico Bouchikhi le sourire jusqu'aux oreilles, à distribuer de la bonne humeur à tout le monde dès qu'il en a l'occasion, difficile de penser qu'il y a près de près de cinquante ans, il vivait l'un des plus grands drames de sa vie. Dans la double page que lui consacre Le Parisien ce mardi 28 mars, Chico Bouchikhi revient sur la mort de son grand frère Ahmed. L'aîné était en pleine forme, vivait sa meilleure vie auprès de sa femme en Norvège et s'apprêtait même à devenir papa. La vie en a malheureusement décidé autrement.
A l'époque, en 1973, les services secrets sont à la recherche du cerveau commanditaire de l'attaque terroriste survenue un an plus tôt aux Jeux olympiques de Munich. Ils pensent l'avoir retrouvé. Ce dernier se prénomme Ali Hassan Salameh mais "ils commettent une incroyable erreur en abattant Ahmed, le frère de Chico" écrit le quotidien.
Ce drame aurait pu donner à tout le clan des envies de vengeance. Un esprit loin d'animer les proches, pourtant envahis par la tristesse. "On a été touchés dans notre chair, mes parents en sont morts de chagrin", indique Chico qui fait aujourd'hui partie de Chico & The Gypsies après avoir quitté les Gipsy Kings au début des années 90. D'autant plus que l'épouse d'Ahmed a tout vu : "Il a été tué à 30 ans, sous ses yeux, en rentrant du cinéma. Elle était enceinte." Cette injustice terrible, Chico a appris à vivre avec et surtout, à la pardonner. Un fait dont beaucoup de gens ne seraient pas capables.
J'ai été élevé dans l'amour
La rancune, très peu pour Chico Bouchikhi malgré les circonstances terribles de la disparition de son frère : "J'ai pardonné. J'ai été élevé dans l'amour, la bienveillance. J'ai préféré parler musique. Il y a un temps pour tout, confie-t-il. Qui aurait compris que mon frère avait été victime d'une erreur du Mossad ? Quel retentissement cela aurait pu avoir sur le groupe ?"
Malgré l'absence d'excuses de la part d'Israël, Chico Bouchikhi a tourné la page. Il accepte même de serrer la main au président palestinien Yasser Arafat et du premier ministre israélien Yitzhak Rabin lors du premier anniversaire des accords d'Oslo, "comme si de rien n'était." Un moment immortalisé par l'un des frères Bobby : "A part mon frère et moi, personne ne connaissait notre histoire. J'avais des frissons. C'était un moment inoubliable. Cette photo est l'image du pardon."