On adore Benoît Poelvoorde. Alors, c'est forcément avec un plaisir non dissimulé qu'on s'apprête à retrouver l'enfant chéri de la comédie belge à l'affiche d'Une famille à louer, puis du prochain long métrage de son compatriote Jaco von Dormael, Le Tout Nouveau Testament. L'occasion de croiser à nouveau le trublion de 50 ans, toujours aussi truculent, en interview.
C'est dans Version Femina que le comédien, compagnon à la ville de Chiara Mastroianni, évoque sa nouvelle collaboration avec Jean-Pierre Améris (après Les Emotifs Anonymes, il y a quatre ans). Ici, pas d'Isabelle Carré, mais Virginie Efira, une comédienne qu'il connaît par coeur. "Elle est exactement comme on l'imagine : jolie et cool à la fois", dit d'elle celui qui la connaît parce qu'elle a été mariée à un "copain", Patrick Ridremont – ce fameux mariage au moment duquel elle n'avait que 22 ans. Et le comédien ne tarit pas d'éloges sur sa compatriote wallonne, affirmant qu'elle "veut toujours bien faire", louant sa "patience d'ange" et confiant le "bonheur" que c'est de tourner avec elle.
Dans Une famille à louer, Poelvoorde incarne Paul-André, la quarantaine, un homme timide et plutôt introverti. Riche mais seul, il s'ennuie profondément et finit par conclure que ce dont il a besoin, c'est d'une famille ! Violette, quadragénaire pleine de peps, est menacée d'expulsion et a peur de perdre la garde de ses deux enfants. Paul-André propose alors un contrat en tout bien tout honneur pour louer sa famille contre le rachat de ses dettes. Pour le meilleur et pour le pire...
Ma spécialité est de bien énerver les petits...
S'il est question d'argent dans cette comédie, Benoît Poelvoorde a lui un avis bien tranché sur la question. Comment le dépense-t-il ? "Dans la rénovation de ma maison à Namur, dans les voitures dont je change souvent car j'adore ça, les livres, en impôts et pour les copains" -qui lui "coûtent cher", clame-t-il avec humour. Lorsqu'il évoque justement ses amis, c'est aussi pour parler de la paternité, lui qui ne connaît pas ce bonheur et semble très bien s'en accommoder. Ou presque : "Tous mes copains en ont, mais ils refusent souvent de me les confier parce que je suis un peu comme un grand-père indigne. Je leur apprends des gros mots, à faire pipi dehors, à conduire [...] Et quand je vais chez eux, ma spécialité est de bien énerver les petits avant qu'ils aillent se coucher", se targue-t-il malicieusement.
Déclarant être proche de la retraite, Benoît Poelvoorde évoque également ce moment où il a failli quitter le cinéma. "Ce sont les circonstances qui m'y ont fait revenir", sans préciser lesquelles, mais il avoue que s'il devait arrêter le Septième Art, ce serait "pour du bénévolat", comme "tenir une bibliothèque ou m'occuper d'animaux comme Brigitte Bardot". Plus que jamais accroché au cinéma, Poelvoorde semble revenir de loin. Outre Le Tout Nouveau Testament, où il incarnera Dieu pour le réalisateur de Mr Nobody, il retrouve le tandem Kervern/Délépine avec Saint Amour, où il donne la réplique à Gérard Depardieu et Vincent Lacoste. "Je n'ai jamais autant ri de ma vie", confie-t-il, heureux. La dépression, qui avait tant fait couler d'encre il y a quelques années, semble un lointain souvenir.
Interview à retrouver en intégralité dans Version Femina, supplément du JDD, en kiosques le 9 août 2015.