C'est une nouvelle qui doit attrister les amoureux de la langue française, tant Bernard Pivot a oeuvré pour sa cause et notamment à la télévision. Le journaliste s'en est allé ce 6 mai à 89 ans, comme l'a annoncé sa famille à l'AFP et si on ne connaît pas encore les causes de son décès, celui qui était également écrivain aura marqué l'histoire de la littérature dans le paysage audiovisuel français. Avec la populaire émission littéraire Apostrophes sur Antenne 2, au début des années 1970, puis dans Bouillon de culture dans les années 1990, le natif de Lyon a su intéresser les téléspectateurs à de nouveaux auteurs et certains moments de ses émissions sont devenus cultes, à l'image du passage de l'écrivain américain, Charles Bukowski.
Bernard Pivot a toujours été un homme plutôt réservé sur sa vie privée et on sait finalement peu de choses de sa compagne avec qui il ne vivait pas et qu'il voyait généralement les week-ends, comme il l'avait expliqué par le passé. Il faut dire que le journaliste littéraire a été touché par la maladie il y a quelques années déjà. En 2022, il a été hospitalisé en secret et était très affaibli, comme le relatait France Dimanche à l'époque. Toutefois, malgré une "santé qui se détériore chaque jour un peu plus", le magazine ne précisait pas la cause exacte de son hospitalisation.
L'an dernier, Bernard Pivot avait accepté d'en dire plus sur sa santé fragile dans le Journal du dimanche, publication avec laquelle il a collaboré de nombreuses années. "Je suis resté silencieux parce que le mal m'a frappé à la tête, siège du cerveau et de la parole. Mieux vaut alors se taire en attendant que la mémoire se recharge et que la pensée refleurisse", indiquait-il, avant d'expliquer les raisons de sa mise en retrait médiatique : "J'ai arrêté la télévision pour devancer ce qui serait inexorablement arrivé: la lassitude du public. 'Le pépé Pivot, il fatigue et il commence à nous les briser...' De surcroît, je voulais prendre du temps pour écrire quelques livres. À 84 ans, j'ai démissionné du Goncourt pour laisser ma place à un écrivain plus jeune. Enfin, à mon vif regret, j'ai abandonné ma chronique du JDD parce que j'étais malade, handicapé, et que je ne pouvais plus écrire comme je l'ai fait pour vos lecteurs, pour nos lecteurs, si vous permettez, pendant plus d'un quart de siècle."
Bernard Pivot s'est éteint à l'âge de 89 ans à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) et laisse derrière lui deux filles, qu'il a eues avec son ex-femme Monique Dupuis.