La course contre la montre continue et l'espoir a cédé sa place à l'angoisse pour le petit Emile, garçon de 2 ans et demi qui a échappé à la surveillance de ses grands-parents dans l'après-midi du samedi 8 juillet 2023, tandis que l'opinion s'étonne sur les circonstances de sa "fugue". Les battues sont terminées et un nouveau dispositif de recherche a été mis en place, plus ciblé. Pendant que les autorités, proches et bénévoles s'affairent pour retrouver l'enfant, des questions émergent sur le cadre dans lequel il se trouve : peut-il surmonter le risque le plus grand auquel il fait face, la déshydratation ? Le Parisien a mis en lumière les avis de différents spécialistes pour tenter de mieux appréhender la situation périlleuse dans laquelle se trouve ce garçonnet dans le Haut-Vernet, dans les Alpes-de-Haute-Provence.
Le profil de l'enfant disparu, même jeune, peut laisser espérer qu'il peut survivre dans ce milieu escarpé, voire montagneux. En effet, il vient d'une famille de randonneurs et c'est un bon marcheur. Toutefois, à cet âge, "il ne peut pas parcourir plus de 2 ou 3 kilomètres", prévient Raïssa Brulé-Pépin, ex-responsable de l'unité médicale des urgences pédiatriques d'Amiens dans la Somme. Un "suiveur de papillons" décrit par les gendarmes comme très autonome et surtout "débrouillard". Un petit homme qui peut montrer beaucoup de résistance comme on a pu le voir après des tremblements de terre ou l'incroyable périple des jeunes survivants d'un crash d'avion en Amazonie, mais le temps passe et les espoirs de miracle s'amenuisent considérablement car nous en sommes à plus de 60 heures de disparition. La priorité de l'enfant est, pour tous les médecins, son hydratation, mais comment peut-il réussir à trouver de l'eau ?
A son âge, les experts sont formels, Emile doit boire entre 700 ml et 1 litre d'eau par jour, d'autant plus que c'est l'été. La chaleur diminuant la nuit dans la région devient alors une alliée pour l'enfant tout comme le caractère ombragé des lieux, mais cela ne suffit pas, il doit trouver de l'eau. "Les petits ont des réflexes. Ils savent exprimer leur soif et s'il y a un cours d'eau, il a pu aller boire, précise Sylvie Hubinois, pédiatre à Saint-Germain-en-Laye. Mais le danger, c'est aussi qu'il tombe dedans." Que se passerait-il s'il ne trouve pas de quoi boire ? Ce manque d'eau peut provoquer "un oedème cérébral et un coma", indique la docteure Raïssa Brulé-Pépin. Demeure aussi la question de la nourriture et surtout de la glycémie, car sans sucre pour alimenter son cerveau, un enfant ne peut résister plus de deux à trois jours.