Un an après la révélation de l'affaire par le site Mediapart, le couperet est tombé. Comme le rapporte l'AFP, une conseillère départementale socialiste de l'Essonne, Fatoumata Koïta, a été condamnée fin février à deux mois de prison avec sursis pour avoir réalisé 13 000 euros d'achats frauduleux (essentiellement des vêtements) avec de l'argent public, a annoncé jeudi 16 mars le parquet d'Évry.
Une enquête avait été lancée en mars 2016 contre cette élue de 33 ans qui était également l'assistante parlementaire du député de Mayotte Saïd Boinali. Fatoumata Koïta avait utilisé frauduleusement pour des achats personnels la carte personnelle du député, ainsi qu'un compte alimenté chaque mois par l'Assemblée nationale pour couvrir les dépenses professionnelles du député.
Le parquet a fixé la peine de la jeune femme, jugée dans le cadre d'une procédure de "plaider coupable". "Elle a été condamnée à deux mois de prison avec sursis, dans la mesure où elle s'est mise très rapidement d'accord avec M. Boinali pour le rembourser, a expliqué le procureur adjoint qui a tenu l'audience. C'est une peine symbolique, d'autant qu'elle ne sera pas inscrite au casier judiciaire numéro deux, de manière à ce que cela ne lui porte pas préjudice", a-t-il ajouté. Comme le précise Le Parisien, "cette mesure est régulièrement accordée par la justice lorsque la personne sanctionnée a besoin d'un casier vierge pour se réinsérer ou pour poursuivre une activité professionnelle".
Un élu se doit d'être exemplaire
Quand l'affaire avait éclaté début 2016, Saïd Boinali avait expliqué que son assistante avait reconnu les faits dès le printemps 2015 et qu'elle s'était déjà engagée à le rembourser. "Je ne connaissais pas Fatoumata, elle m'a été conseillée par le groupe parlementaire. Quand on travaille avec des personnes, on suppose qu'elles ont un minimum d'éthique. Après ces faits, je n'ai plus eu confiance en mes collaborateurs. Fatoumata a tout remboursé. Cette transaction a été décidée par nos avocats respectifs", a déclaré le député.
La mairie d'Évry, où Fatoumata Koïta exerçait un mandat d'adjointe, l'avait démise de ses fonctions lorsque l'affaire avait été révélée. Mais après avoir remboursé ces sommes, l'ancienne conseillère n'a peut-être pas tout perdu. "Il lui appartient d'annoncer ce qu'elle compte faire. Tout ce que je remarque, c'est que Fatoumata Koïta ne m'a pas tenu au courant de cette décision de justice. (...) Si elle souhaite revenir vers moi, je la recevrai", a déclaré le maire d'Évry Francis Chouat, toujours selon Le Parisien.
De son côté, le maire d'Orsay (PS), David Ros, qui est également le président du groupe Rassemblement de la gauche et de l'écologie au conseil départemental, se montre tout aussi compréhensif. "Il ne s'agit pas d'une condamnation à de la prison ferme, il n'y a pas d'inscription sur le bulletin n° 2 du casier judiciaire et il n'y a plus de poursuite de la part de la victime. Si elle le désire, elle pourra réintégrer le groupe", a-t-il déclaré. Le sénateur Michel Berson (PS), qui avait laissé sa place à Fatoumata Koïta en 2014 lorsqu'il était parti vers le Sénat, ne partage pas cet avis, affirmant avoir "coupé les ponts" avec la jeune femme. "Un élu se doit d'être exemplaire et irréprochable", a-t-il lâché.