Deux ans presque exactement après le décès d'un homonyme également légendaire dans le monde du rock - le photographe Jim Marshall, mort le 24 mars 2010 à 74 ans après avoir offert au monde des clichés de Jimi Hendrix immolant sa guitare à Monterey ou des Beatles en backstage de leur dernier concert -, Jim Marshall, celui des amplis Marshall (Marshall Amplification), est mort à son tour, le 5 avril 2012 à 88 ans. Mort pour le rock un 5 avril : comme Kurt Cobain (Nirvana) en 1994, Cozy Powell (batteur entre autres de Jeff Beck, Rainbow et Black Sabbath) en 1998, Layne Staley (Alice in Chains) en 2002, Gene Pitney en 2006 ou encore Mark St. John (éphémère guitariste de Kiss pour Animalize) en 2007.
Alors que l'oeuvre du "Father of Loud" (le "père du vacarme") et le "Marshall sound" se déclinent désormais jusqu'en casques audio ultra-trendy dont l'atypique forme carrée évoque les incontournables machines de son qu'il a offertes aux rockeurs, Jim Marshall a rejoint le monde du silence, s'éteignant dans une maison de repos de Milton Keynes, dans le Buckinghamshire.
C'est la société qu'il a bâtie qui a annoncé la triste nouvelle sur son site Internet, où l'on a pu lire : "Si toute la famille de Marshall Amplification pleure la disparition de Jim, qui nous manquera terriblement, nous nous sentons plus riches de l'avoir connu et sommes heureux de savoir qu'il se trouve dans un endroit meilleur, et dont le volume vient soudain de monter sensiblement." Un éloge funèbre touchant et... retentissant. Ce ne fut pas le seul : de grandes figures du rock se sont rapidement émues à l'annonce du décès de celui qui avait posé la première pierre de son empire du son à Londres avec un premier prototype élaboré en 1962 (les seize employés de la première usine Marshall, créée en 1964, fabriquaient 20 amplis par semaine), et qui faisait partie du quatuor des grands équipementiers pionniers du rock avec Leon Fender, Les Paul et Seth Lover.
45 ans après Hendrix, le "plus grand ambassadeur de la marque" qui déclara en 1967 que "rien dans le monde entier ne pouvait surpasser son bon vieil ampli Marshall", Pete Townshend (The Who), un aficionado de la toute première heure qui encouragea Marshall dans sa voie dès 1960, et consorts ont partagé leur peine. "Le rock and roll ne sera plus jamais le même sans lui, mais ses amplis vivront à jamais !", a réagi Slash, tandis que Nikki Sixx (Mötley Crüe) a signalé avec admiration et humour que Jim Marshall avait été "responsable de quelques-uns des plus grands moments dans l'histoire de la musique - et à 50% de notre perte d'audition".
Jim Marshall, qui avait laissé en 1985 l'empreinte de ses mains sur le Rock and Roll Walk of Fame à Hollywood au côté notamment de Les Paul, s'était ces dernières années consacré à quelques bonnes oeuvres... tout en supervisant l'activité de Marshall Amplification : "C'est un nom important pour moi - puisque c'est le mien." En 2003, 19 ans après avoir reçu le Queen's Award for Export en récompense du succès international de Marshall Amplification, il avait été fait à Buckingham officier de l'ordre de l'empire britannique (OBE) par la reine Elizabeth II en reconnaissance de ses services rendus à l'industrie de la musique et aux oeuvres caritatives (parmi ses contributions, chiffrées en millions, il avait donné au Royal National Orthopaedic Hospital de Stanmore, qui avait traité sa tuberculose osseuse dans son enfance).
Les rockeurs sont en deuil, mais sauront comment honorer la mémoire de Jim Marshall. Loud must go on !