John Carter : chronique d'un flop annoncé qui va coûter 200 millions à Disney
Publié le 20 mars 2012 à 16:02
Par Geoffrey C.
La bande-annonce de John Carter, vendu comme un film d'action tonitruant. © Walt Disney
John Carter, le blockbuster Disney.
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La machine hollywoodienne continue de s'enrayer. Alors que les studios ne cessent de retarder et d'annuler les tournages, les premiers résultats de John Carter au box-office mondial viennent confirmer que l'aventure martienne est condamnée à rejoindre le cimetière des blockbusters estampillés flop.

Chronique d'un désastre annoncé

Guetté par le vautour hollywoodien - dépassement de budget, campagne marketing ratée, repositionnement sur le marché - et précédé de mauvaises rumeurs, John Carter était depuis le début un pari risqué pour le studio Disney. Restée dans les cartons depuis une centaine d'années, cette adaptation des livres du visionnaire Edgar Rice Burroughs est passée par les mains de nombreux réalisateurs avant d'échouer dans celles d'Andrew Stanton.

Auréolé des succès et des Oscars du Monde de Nemo (2003) et de Wall-E (2008), le réalisateur passait ainsi pour la première fois au cinéma live, armé de 250 millions de dollars - un budget pharaonique en cette période de crise. Dépouillé par cette production titanesque, le studio n'a pas pu - voulu, dira-t-il - se payer une star bankable et a misé sur Taylor Kitsch, le beau gosse rebelle de la série Friday Night Lights.

La malédiction de Mars

Le tournage de John Carter of Mars se termine pendant l'été 2010, mais la tranquillité du studio est chamboulée début 2011 par l'échec de Milos sur Mars, un film d'animation trucidé par la presse et boudé par le public - 150 millions de dollars de budget, 39 millions de recette et une sortie annulée dans plusieurs pays. Terrifié par ce désastre, Disney tente de rectifier le tir et retire du titre le nom de la planète rouge - le logo du film est néanmoins resté "JCM" sur de nombreux posters. Après les flops de Mission to Mars (2000), Red Planet (2000) et Ghosts of Mars (2001) , les martiens semblent maudits.

Dans cette cohue, l'attention des médias se tourne vers le blockbuster, d'ores et déjà attendu au tournant. Alors que la machine est lancée depuis trop longtemps pour être stoppée, le studio récite son texte : "C'est une histoire d'origines. Le héros ne devient pas John Carter of Mars avant les dernières secondes." Le réalisateur explique de son côté que le public féminin est rebuté par la science-fiction.

En coulisses, les hautes sphères de Disney traversent une crise. Choisie pour remplacer Dick Cook, très apprécié à la tête du studio depuis 2002, MT Carney est remerciée alors que la machine promotionnelle de John Carter est en marche et que la popularité de la superproduction se joue sur la scène médiatique.

Chamboulée en profondeur, la campagne marketing perd la tête. Dans l'espoir de contenter tous les publics, les bandes-annonces alternent entre le film d'action bourrin, l'envolée lyrique et le bestiaire hérité de Star Wars. En cours de route, Cowboys et Envahisseurs avec Daniel Craig et Harrison Ford - un autre blockbuster qui mélange l'historique et la science-fiction - se plante au box-office, confirmant que l'épée de Damoclès s'apprête à fondre sur John Carter.

Quand sonne le glas

Après avoir coûté 250 millions de dollars et une autre centaine en marketing, John Carter devait en récolter environ 600 millions pour rentrer dans ses frais. Avec 107 millions de dollars cumulés à travers le monde à sa sortie, John Carter devient en quarante-huit heures le flop redouté. Plus attaché aux 37 petits millions rapportés sur le territoire américain, le studio réalise bien vite qu'il lui est dorénavant impossible de pas perdre d'argent. À titre de comparaison, Tron L'héritage est encore considéré comme une déception avec 400 millions de dollars récoltés, dont 172 aux Etats-Unis.

En France, l'attente autour de ce blockbuster sorti avant l'heure des Avengers, Amazing Spider-Man et autre Dark Knight Rises est presque nulle. En première journée, John Carter attirait un peu plus de 1 500 spectateurs, soit deux fois moins que Les Infidèles et Cloclo.

Au pied du mur, Disney se confesse un communiqué officiel : "À la lumière des performances de John Carter en salles (184 millions de dollars au box-office mondial), nous prévoyons que le film nous fera perdre environ 200 millions de dollars durant le deuxième trimestre fiscal, clos le 31 mars. Au final, notre estimation est que le studio lui-même perdra entre 80 et 120 millions de dollars pour le deuxième trimestre. Alors que nous nous concentrons sur la deuxième moitié de l'année, nous sommes excités par les prochaines sortie d'Avengers et de Rebelle, dans lesquels nous voyons un très fort potentiel pour le studio et le reste de la compagnie."

Plus dure sera la chute

L'heure est au blâme. Tandis que les suites de John Carter sont balayées, la presse est partie à la recherche des coupables. Le couperet du New York Times est notamment tombé sur le réalisateur Andrew Stanton, peu enclin aux compromis sur le plateau. Orfèvre de l'animation, il n'aurait pas été capable de s'adapter à la réalité des acteurs et à l'impossibilité de contrôler un décor naturel. Le magazine révèle également qu'il s'est chargé de prendre plusieurs décisions marketing soldées par des échecs, et avec lesquelles le studio n'était pas vraiment d'accord.

Disney a explicitement déclaré qu'aucun individu ne serait désigné comme responsable. Pourtant, un porte-parole a déclaré : "Faire des films n'est pas sans risques. C'est encore un art, pas une science, et il n'y a pas de formule pour le succès. Andrew Stanton est un réalisateur incroyablement talentueux qui, avec son équipe, a travaillé dur sur sa vision de John Carter. Malheureusement, elle a échoué et n'a pas touché le public autant que nous le souhaitions."

Réputé pour sa langue de bois, Hollywood est aussi connu pour sa capacité à broyer les artistes. Il y a fort à parier que les prochaines années permettront de découvrir la vérité sur les coulisses d'un blockbuster tristement entré dans l'histoire du studio Disney.

Geoffrey Crété

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