C'est un bruit qui courait depuis des années dans le milieu du rugby. Mais pour la première fois, Alexandre Dumoulin, centre du Racing-Métro et promesse des Bleus, confirme publiquement être le fils de Marc Cécillon, l'ancien rugbyman condamné pour le meurtre de sa femme en 2006. Une histoire de famille peu commune que le joueur de 25 ans a choisi de révéler aujourd'hui, dans plusieurs médias français, via son agent. Pour devancer la rumeur et mettre enfin les choses au clair, à l'heure où sa notoriété grandit...
Supporteur de son père... sans le savoir
Novembre 2006. À la barre de la cour d'assises de l'Isère, Carole Dumoulin vient témoigner au procès de Marc Cécillon pour le meurtre de sa femme Chantal. La raison ? C'est l'homme aux 46 sélections chez les Bleus, dans les années 90, qui est le père de son fils Alexandre. "J'avais 19 ans, j'ai eu une aventure avec lui, j'étais tout simplement amoureuse, j'ai eu un enfant, Alexandre, qui a été reconnu par un autre mais Marc Cécillon est le géniteur. Il était marié, je ne lui ai pas demandé de reconnaître l'enfant, j'ai respecté son choix de vie", explique-t-elle, citée par Le Parisien et L'Équipe qui révèlent l'affaire.
C'est à ce moment que tout le monde découvre alors qui est le véritable père d'Alexandre Dumoulin, 17 ans à l'époque. Y compris ce dernier qui, à 8 ans, supportait Bourgoin-Jallieu en finale du championnat de France, sans savoir que son père était sur la pelouse. Car c'est Xavier Montméat, un autre rugbyman, vivant avec Carole Dumoulin, qui avait adopté le futur joueur du Racing-Métro. Mais malgré ces révélations, le petit monde de l'ovalie s'était tu. Par respect, personne n'a voulu aborder ce "secret de polichinelle".
"Il n'y a jamais eu de rencontre physique"
Cette découverte a-t-elle été un choc pour Alexandre ? Pas vraiment. "Il faut arrêter tout de suite les possibles fantasmes sur le fait qu'il en ait souffert, qu'il ait été malheureux parce que rejeté, parce que pas reconnu ou snobé par son père, assure son agent et ami Jérémy Bouhy. Non, ça ne l'a jamais travaillé plus que ça." La preuve ? Le trois-quarts centre du Racing-Métro a continué de mener une vie normale et n'a jamais cherché à entrer en contact avec Marc Cécillon. "Il n'y a jamais eu de rencontre physique entre eux, ni de tentative. Mais ça ne veut pas dire qu'ils se rencontreront jamais", poursuit-il.
Convoqué pour le prochain tournoi des VI Nations et auteur de deux matchs sous le maillot bleu depuis novembre 2014, Alexandre Dumoulin voit sa notoriété grandir. C'est ce qui l'a poussé à vouloir clarifier les choses, après avoir obtenu l'accord de toutes les parties. "Alexandre est en train de devenir un joueur médiatisé, on savait qu'il allait se passer un truc un jour ou l'autre sur les réseaux sociaux, explique son agent. Il appréhendait de plus en plus la révélation de cette histoire. Mais il sait qu'à long terme, ça va quand même le soulager et lui faciliter la vie."
Cinq balles de 357 magnum
En liberté conditionnelle depuis 2011, après avoir passé sept ans en prison, Marc Cécillon n'a quant à lui pas le droit de parler aux médias de sa situation judiciaire, comme il s'en est excusé auprès du Parisien. L'ancien capitaine du XV de France, également père de Céline et Angélique, qu'il a attaquées en justice au mois d'avril dernier pour avoir mal géré les comptes de la famille dans le cadre de la succession et auxquelles il ne parle plus, a refait sa vie à Collioure (Pyrénées-Orientales), selon le quotidien. Très apprécié dans le monde du rugby, où il était particulièrement respecté, le colosse désormais âgé de 55 ans s'est remarié avec une visiteuse de prison et travaille dans une entreprise spécialisée dans les vignes et les espaces verts.
Retraité en 1999, Marc Cécillon avait vécu une reconversion délicate. En proie à des problèmes d'alcool et en pleine séparation de sa femme Chantal, il avait commis l'irréparable un soir d'août 2004. Ivre, il avait tué son épouse de cinq balles de 357 magnum au cours d'une soirée entre amis. D'abord condamné en 2006 à vingt ans de prison, il écope finalement de quatorze ans en appel deux ans plus tard.