Ce dimanche 25 février a pris fin la Berlinale 2024 lancée le 15 février dernier. L'actrice mexicano-kényane Lupita Nyong'o, première personnalité noire à occuper le poste de présidente du jury, a fait sensation sur le tapis rouge dans une magnifique robe dorée BOSS en ce jour de clôture du festival organisé chaque année depuis 1951 à Berlin comme son nom l'indique. Samedi 24 février, le jury a sacré l'actrice franco-sénégalaise Mati Diop, de son tant convoité Ours d'Or, pour son documentaire intitulé "Dahomey" sur la question, souvent compliquée, de la restitution par les anciennes puissances coloniales d'oeuvres d'art volées en Afrique.
"Nous pouvons soit oublier le passé, une charge désagréable qui nous empêche d'évoluer, ou nous pouvons en prendre la responsabilité, l'utiliser pour avancer", a déclaré la réalisatrice en recevant son prix avoir, notamment, cité l'intellectuel martiniquais Aimé Césaire. Elle a ajouté : "En tant que Franco-Sénégalaise, cinéaste afrodescendante, j'ai choisi d'être de ceux qui refusent d'oublier, qui refusent l'amnésie comme méthode". Son documentaire raconte la restitution, en 2021, au Bénin de 26 oeuvres pillées en 1892 par les troupes coloniales françaises. La fille du musicien sénégalais Wasis Diop avait déjà remporté à Cannes, en 2019, le Grand prix pour son film intitulé "Atlantique", soit la plus haute distinction après la Palme d'Or. À nos confrères de l'AFP, Mati Diop a a confié qu'elle aimerait que son film soit "vu dans un maximum de pays africains", et surtout "dans les écoles et les universités". Avec "Dahomey", Mati Diop succède au Français Nicolas Philibert, Ours d'or en 2023.
Le jury de la 74e Berlinale a également récompensé du prix de la meilleure interprétation l'acteur roumano-américain Sebastian Stan dans "A Different Man". Quant au Grand prix du jury, il a été attribué au réalisateur sud-coréen Hong Sang-soo pour un film avec Isabelle Huppert intitulé "A Traveller's Needs". Le prix du jury a, lui, était remis au Français Bruno Dumont pour son long-métrage baptisé "L'Empire", sorti le 21 février 2024 au cinéma. "Entre Ma Loute et La Vie de Jésus, entre le ciel et la terre, Bruno Dumont nous offre une vision caustique, cruelle et déjantée de La Guerre des étoiles", peut-on lire au sujet du film sur Allociné. Ce long-métrage a d'ailleurs déjà fait parler de lui puisque l'actrice Adèle Haenel a expliqué pourquoi elle a choisi de refuser un rôle dans L'Empire.
Auprès d'un journal allemand, l'actrice de 35 ans a expliqué, selon nos confrères de Télérama : "C'était un monde sombre, sexiste et raciste qui était défendu. Le scénario était truffé de blagues sur la cancel culture et les violences sexuelles. J'ai cherché à en discuter avec Bruno Dumont, car je pensais qu'un dialogue était possible. J'ai voulu croire pour la énième fois que ce n'est pas intentionnel. Mais c'est intentionnel [...]. Je ne voulais pas soutenir cela, j'ai donc annulé ma participation". Interrogée, cette fois-ci, par nos confrères d'Allociné, l'actrice a apporté davantage de détails. "Après un an, j'ai reçu le nouveau scénario où pas une ligne n'avait été changée, c'est pourquoi je suis partie du projet. Il y a plusieurs personnes qui peuvent attester de cela", a-t-elle assuré.