L'histoire fait grand bruit depuis le jeudi 17 septembre 2020. Le rappeur Freeze Corleone a provoqué l'indignation à cause de son apologie du nazisme et de l'antisémitisme dans certaines de ses chansons et de ses clips. Une affaire dont le parquet de Paris s'est saisi en ouvrant hier une enquête "pour provocation à la haine raciale". Invitée à réagir sur le sujet dans Touche pas à mon poste (C8), Valérie Bénaïm était au bord des larmes.
C'est très remontée que la chroniqueuse de 51 ans a pris la parole en direct. Malgré tout, Valérie Bénaïm a tenté de se contenir. "Je vais essayer d'être très calme et de poser mes propos parce que les textes de ce garçon me touche au coeur, parce que je suis de religion juive, a-t-elle confié très émue. Il parle de ma communauté et de l'humanité. (...) Je vais lui dire dans les yeux : 'Tu n'es qu'une merde.' Mais je pense pour autant qu'il ne faut pas céder à l'émotion. Céder, ce serait dire 'je censure ceux qui ne pensent pas comme moi'. Même si je rappelle que, dans ce cas, ce n'est pas une pensée, mais un délit."
Malgré sa colère, Valérie Bénaïm pense que Freeze Corleone ne doit pas être censuré comme il l'a été : "Si j'écoute mon coeur, j'ai qu'une envie, c'est de censurer ce type et de lui dire 'cache-toi parce que j'ai qu'une envie, c'est de te défoncer'. Sauf que moi, je suis une républicaine, une enfant de la France. Donc je veux que la justice passe et la justice doit parler avant le coeur et les émotions."
Bien que ses morceaux continuent à passer en radio et qu'il soit dans les meilleures ventes d'album, YouTube a supprimé plusieurs de ses contenus, dont Freeze Raël et RAP Catéchisme. Plusieurs élus, dont le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, n'ont pas caché leur indignation. "Apologie du nazisme et antisémitisme. Ces propos sont inqualifiables. À ma demande, le ministère de l'Intérieur étudie au plus vite les recours juridiques pour poursuivre leur auteur. D'ores et déjà, j'appelle Facebook et Twitter à ne pas diffuser ces immondices", a-t-il tweeté.
Son souhait a été exaucé puisque le parquet de Paris a ouvert jeudi une enquête pour "provocation à la haine raciale", visant plusieurs clips et chansons de Freeze Corleone. Le délégué interministériel à la lutte contre le racisme l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), Frédéric Potier, avait annoncé un signalement auprès du parquet après avoir recensé neuf passages qui constitueraient une incitation à la haine raciale. Il a aussi indiqué avoir signalé ces propos "aux fins d'enregistrement à la plateforme Pharos de l'Office central lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication". De son côté, la Licra a demandé à l'ensemble des acteurs dont les grandes plateformes de diffusion de musique en ligne de "prendre leurs responsabilités".
LMF, le dernier album de Freeze Corleone, est sorti le 11 septembre dernier et a connu le succès. Et vendredi dernier, son clip Freeze Corleone 667 a rassemblé plus d'un million de vues sur YouTube. Un succès qui suscite l'inquiétude de la Licra et de plusieurs élus et membres du gouvernement.