Voilà maintenant plusieurs jours que l'Assemblée nationale auditionne des personnalités de la télévision et de la sphère politique concernant le renouvellement des fréquences de la TNT. Ce jeudi 21 mars, ce fut autour de Rachida Dati de répondre aux questions de ceux qu'elle avait en face d'elle. Parmi eux, Aurélien Saintoul, député de la France insoumise des Hauts-de-Seine, qui avait visiblement pas mal de griefs contre Rachida Dati.
Au fil des questions posées, le député des Hauts-de-Seine semblait dériver hors cadre. S'il a d'abord souhaité savoir si elle était au courant d'une entrevue entre le président Emmanuel Macron et Vincent Bolloré, propriétaire du groupe Vivendi, il a ensuite sous-entendu par le biais d'une autre question qu'il y avait, d'après lui, un "lien" évident entre le rendez-vous des deux hommes et le poste de ministre de la Culture que Rachida Dati a obtenu. Après quelques secondes de silence lui laissant le temps de bien réaliser ce qu'elle venait d'entendre, Rachida Dati est sortie de ses gonds.
Tellement décontenancée par les propos de son interlocuteur, Rachida Dati a d'abord bégayé face au hors-sujet et à la question déplacée qui venait de lui être posée : "Là, ça devient très personnel" a-t-elle lancé à Aurélien Saintoul, avant d'exprimer sans filtre le fond de sa pensée. "Je prends aussi à témoin les députés, vous allez trop loin, monsieur le rapporteur, je vous le dis ! Ce sont des questions qui soupçonnent des choses. Moi j'ai prêté serment. [...] Vous m'auditionnez comme ministre de la Culture, je réponds à ces questions. Là, je vais vous le dire, la croisade, les attaques, les collusions ou autre... Je ne suis pas là pour répondre à ça. Parce que là, c'est du soupçon !"
En colère de constater qu'encore aujourd'hui, les compétences d'une femme peuvent être remises en question en dépit des preuves qu'elle a pu faire dans sa carrière, Rachida Dati est montée au créneau, ne laissant aucune chance à Aurélien Saintoul : "Vous mettez en cause ma légitimité, Monsieur le rapporteur ? Vous mettez en cause ma capacité, vous mettez en cause ma compétence ? Je serais l'objet d'un contrat entre deux hommes pour que je puisse exercer une fonction ? [...] Je suis une responsable politique, engagée politiquement, j'ai fait mes preuves politiquement, j'ai une légitimité. [...] Dites-moi pourquoi il suffirait que deux hommes parlent de moi pour pouvoir me nommer ? Quelle est votre idée derrière la tête Monsieur le rapporteur ? Qu'ils auraient conclu quelque chose ensemble, et que je serais le prix de ce contrat ? Ce n'est pas acceptable."
Loin de se laisser faire, Rachida Dati a soufflé le député qui avait tenté de la déstabiliser avec des questions à visée personnelle. Une tentative ratée. Dans cette bataille, la maman de Zohra a même obtenu le soutien du président de la commission d'enquête Quentin Bataillon qui a pris son parti : "On entend Madame la ministre que ce n'est pas acceptable. [...] Je vais laisser au rapporteur le temps de re regarder ses questions, de manière à ce qu'elles respectent le cadre de la commission."
Il n'est pas le seul à avoir volé au secours de Rachida Dati. Sur X (anciennement Twitter), les internautes, parmi lesquels le comédien et producteur Dominique Farrugia, n'ont pas manqué d'afficher le respect pour la ministre de la Culture : "Scène hallucinante, quoi qu'on pense de Rachida Dati", "Sans prendre la défense de Dati, quel est le rapport de la question avec le thème de cette commission ? Saintoul est complètement hors de propos", "Saintoul, depuis le début de cette commission, cherche à régler des comptes personnels, il est incompétent et en dehors de son statut", "Sacrée bonne femme et sacrée éloquence ! Pour un peu, elle l'accusait de misogynie. Elle réussit même à mettre en porte-à-faux le rapporteur et le président."