Muse de Giacomo Leopardi, poète du XIXe siècle, pour le film de Mario Martone tout simplement intitulé Leopardi, Anna Mouglalis impose sans peine son charisme envoûtant sur les écrans de cinéma. Toutefois, l'étiquette du mystère est parfois lourde à porter, comme elle l'explique dans le supplément Styles de L'Express.
La superbe brune est capable de jouer le drame comme la comédie, mais c'est l'image d'une femme énigmatique et insaisissable qui lui colle à la peau : "On m'a vue dans les films de Samuel Benchetrit ou dans Mammuth... Les cinéastes décalés m'envisagent dans des comédies. Les autres sont attachés à mon image hiératique. J'en suis aussi responsable. On m'a bien proposé des comédies à mes débuts, mais si elles ne sont pas bien écrites, cela tombe vite dans la vulgarité. Et cette idée que, pour être drôle, il faut être moche est insupportable."
Belle à se damner, Anna Mouglalis a évidemment été courtisée par les plus grandes maisons et elle a travaillé pour Chanel. Un choix qui ne l'a pas forcément aidée : "À la suite de ma collaboration avec la maison Chanel, certains metteurs en scène n'ont plus eu envie travailler avec moi, comme Claude Chabrol [qui l'avait dirigée dans Merci pour le chocolat, NDLR]. Il m'a dit : 'Tu n'es plus une actrice.' C'est vrai que j'étais magnifiée en tant que mannequin alors que l'on cherchait des filles d'à côté. Déjà, avec ma voix particulière, on me rangeait davantage dans les années 1950 que 2000. Mais de toute façon, on ne se réalise qu'à travers la transgression."
Ex-compagne du réalisateur Samuel Benchetrit - avec qui elle a eu une fille, Saül, 8 ans -, Anna Mouglalis évoquera brièvement leur relation en parlant de ses propres envies de réalisation : "Le fait d'avoir vécu avec un metteur en scène avait déjà transformé mon regard. J'avais l'impression de comprendre combien c'était dur. J'ai échoué et abîmé, pour l'instant, mon désir de réaliser, mais je vais adapter, jouer et mettre en scène pour le théâtre le Don Quichotte (ce qui était un rêve) de Kathy Acker." Ce projet de film non abouti ? L'actrice voulait faire ses premiers pas de réalisatrice de long métrage avec Le Gars, "adaptation d'un conte populaire russe qui décrit l'initiation amoureuse d'une jeune fille de 16 ans éprise d'un vampire anthropophage. Julie Sokolowski [remarquée dans Hadewijch de Bruno Dumont] jouera la fille, Catherine Mouchet [Thérèse d'Alain Cavalier, NDLR], la mère, et Samuel... le gentil vampire !", racontait-elle en 2011 dans L'Express Styles.
Si elle évoque le père de sa fille, pas un mot toutefois sur son divorce d'avec Vincent Rae, après un mariage de tout juste quatre mois...