Charlie Winston, héros du fantastique nouveau clip de Wax Tailor : "I own you" !

Entre un Wax Tailor d'humeur tout à fait vitale (In the mood for life, titre de son dernier album) et un Charlie Winston inépuisable qui n'est qu'amour (notamment quand il s'agit du sourire d'Audrey Tautou), l'entente ne pouvait être autrement que cordiale.

Les deux artistes se sont effectivement parfaitement rencontrés et accordés pour I own you, un track diaboliquement catchy (jusqu'au titre) qui figure sur l'album In the mood for life que l'Eurélien a fait paraître en fin d'année dernière. Oui, encore une fois, Jean-Baptiste Le Saoût, alias Wax Tailor, nous tient. Il nous possède avec cette savante alchimie trip-hop dans laquelle il laisse volontiers macérer ses racines rap, comme le revendiquaient splendidement ses premières réalisations - l'EP Lost the Way (2004), l'album Tales of the forgotten melodies (2005) - et comme le consacrait l'album suivant - Hope & Sorrow.

Pour l'occasion, le flow est abandonné avec saveur au dandy tonique Charlie Winston, qui offre sa fougue à l'orfèvre-ciseleur de lyrics (il n'y a presque qu'à observer le nom de son label, Lab'Oratoire, pour s'en convaincre) et pourvoyeur d'utilité publique de hip hop orchestral sur I own you.

Winston n'est évidemment que l'un des guests de luxe conviés sur cet album qui fut élaboré en partie à New York (il est effectivement imprégné du groove et de l'intensité de Big Apple) et nominé aux dernières Victoires, puisque Wax Tailor y retrouve notamment sa fameuse complice de longue date Charlotte Savary (qui a entamé en 2008 l'aventure Filipecha avec Philippe Chevallier et un premier album intitulé De fil en aiguille), mais aussi Speech Defect, Sara Genn, Mattic, Dionne Charles ou encore ASM.

Et pour mieux exercer son emprise sur nous, Wax Tailor, qui, fidèle à ses habitudes, ne cesse de se produire en tournée (cliquez ici pour découvrir, outre ses deux Olympias complets, son programme des mois à venir - il passe forcément près de chez vous et c'est un numéro à ne pas manquer), propose un clip addictif : résultat d'une animation en stop motion qui ne s'abstient d'aucune trouvaille graphique (incluant le Hobo Winston à peu près n'importe où) ni d'aucun effet à se rouler par terre (exemple : le "scratch visuel" avec l'image en rewinding, comble pour cet adepte du turntablism - utilisation des platines/vinyles), il est signé Romain Chassaing (déjà excellent pour Gush, Tahiti 80 ou Paco Volume) et SoLab. L'intéressé, qui planche sur son premier court métrage avec ses acolytes Edouard Chastaing et Nicolas Tiry, a d'ailleurs fourni lui-même les clés d'un décryptage réjouissant :

"L'idée est venue très vite en écoutant les paroles de la chanson. Je me suis inspiré, au début, de l'univers de "Invasion Los Angeles" (They Live) de John Carpenter, lorsque le héros met pour la premiere fois les lunettes, tous les panneaux, pancartes, devantures de magasins martèlent des mots de propagande. C'est pourquoi le titre de la chanson est présent du début jusqu'à la fin du clip, comme de la propagande, mais en couleurs pour passer plus décoratif et donc plus inaperçu...
C'est le traitement qui a demandé un peu plus de temps, ça faisait longtemps que j'avais envie de faire un projet en miniature, quelque chose que je pouvais complètement contrôlé, ce qui est plus délicat en décor naturel. Une fois le choix fait pour l'univers maquette, c'est plein de petites idées que j'essaie de cadrer dans l'univers du projet.
Il y a un côté ludique dans ce clip par la notion de jeu, et aussi parce que l'on s'est amusé à le faire (cette phrase ne compte pas pour la dernière nuit de tournage où on se serait mieux vu dans un lit...). Je mélange tout, du stop-motion avec des mouvements live, de vrais trucages comme la séquence de la voiture, et un peu de post-prod également."

Magique. On say yes très, très fort. A voir et à revoir ci-dessus, avec son making of.

Guillaume Joffroy