Il a été un peu le Patrick Hernandez des années 2000 - et c'est tout à son honneur. Mais lui ne se voyait pas, trente ans après, ni même ne serait-ce que cinq, jouer les agitateurs de dancefloors dans un costume créé de toutes pièces et baptisé Helmut Fritz.
Eric Greff, l'homme sous l'énergumène, le Mosellan de Forbach derrière le dandy allemand foutraque, a rangé dans la boîte à souvenirs la panoplie qu'il avait inventée lorsque le DJ producteur allemand Laurent Konrad avait flashé sur son fameux Ça m'énerve, une blague potache née sur un coin de table et postée sur MySpace, pour en faire l'immense tube qu'on sait (500 000 singles vendus, 11 millions de visionnages du clip sur YouTube, un NRJ Music Award et même une nomination aux Victoires de la musique). Sa sortie, Helmut Fritz l'a fait le 5 mars 2010, avec un portrait testamentaire de Libération en quatrième de couverture ; il tirait sa révérence le lendemain en interprétant pour les Victoires une version méconnaissable de Ça m'énerve. Manière de faire la transition.
Aujourd'hui, il ne reste plus qu'Eric Greff, 35 ans. Un garçon artiste dans l'âme depuis toujours, nourri à la britpop et à Stereophonics, qui a connu toutes les galères de ceux qui ont un jour cherché un label convaincu par leur projet. Le tremplin du Herr Helmut n'aura pas servi à rien : Eric Greff sortait le 24 mai 2011 chez Sony/Columbia le single Il est temps (tu m'étonnes !), un Grégoire-like (aïe !) en écoute dans notre player, prodromes d'un album qui devrait paraître à l'automne.
Le Républicain Lorrain est allé rencontrer tout récemment cet enfant du pays "déterminé à changer de disque", à l'heure où le tube de son ancienne vie, Ça m'énerve, vient de ressurgir dans le haut du palmarès des titres les plus lucratifs de 2010. Découvrez cet entretien vidéo, le premier face caméra d'Eric Greff, que partagent le Paul-Marie Pernet et le Républicain Lorrain, et les confidences d'un artistequi n'a pas peur de perdre des clients. Extraits :
"Je viens de la musique pop, mes influences sont anglo-saxonnes, elles vont de Stereophonics à Snowpatrol en passant par Radiohead ou Coldplay. Ce texte était vraiment une blague, pour moi, pas un appel au secours vers les maisons de disques afin de me faire remarquer."
"Certains passent par la téléréalité, moi je revendique le fait d'avoir été Helmut. Je n'ai pas eu, du coup, à me mettre en scène dans ces émissions et à chanter les titres des autres."
"Je ne suis pas nostalgique, car j'ai créé ce personnage et j'ai décidé du moment où il sortirait de scène. Il ne me reste que des moments magiques. Je suis passé de plusieurs années de scène anonyme, dans des petits bars (notamment sous le nom d'Eliott), à cette chanson qui m'a exposé au public. J'ai ainsi été propulsé sur les plus grandes scènes françaises, j'ai, par exemple, participé à l'émission de France 2 retransmise en direct pour la Fête de la musique, à Paris devant 150 000 personnes... J'ai des souvenirs dans le coeur de ces moments-là, à vie."
"Je n'ai pas peur de perdre des "clients" comme une entreprise. J'ai simplement envie que le public entende mon son et ma sincérité."
Son souvenir le plus fort, Langatte : "C'était inouï. Le Républicain Lorrain avait d'ailleurs titré : "Helmut Fritz multiplie la population de Langatte par douze". L'article fait la fierté de mes parents, il est encadré dans leur salon."