Il a tourné pour Martin Scorsese au côté de Robert de Niro et autres vedettes italo-américaines des Affranchis, il a été l'homme de confiance de Michael Jackson et l'homme providentiel du label Epic Records (Sony), et aujourd'hui il n'est plus, décédé à l'âge de 63 ans : Frank DiLeo, figure majeure de l'entertainement musical, est mort mercredi 24 août 2011 au matin, des suites d'une chirurgie cardiaque pratiquée au Cedars-Sinai Medical Center de Los Angeles suite à une crise cardiaque survenue au mois de mai. Son coeur était apparemment fatigué, pourtant le manager de légende mettait encore du coeur à l'ouvrage : outre des rumeurs de retour de flamme avec Michael Jackson en 2009, 20 ans après qu'ils eurent cesser de collaborer ensemble, il dirigeait le Dileo Entertainment Group, sa société installée à Nashville.
Le parcours sensationnel de Frank DiLeo avait débuté lorsque ce natif de Pittsburgh (Pennsylvanie), après des années 1960 passées à cumuler les petits boulots dans l'industrie musicale, il fut embauché comme chargé de promotion en 1968 par Epic Records, filiale de CBS Records - officiellement Columbia depuis 1990). Après avoir fait ses preuves à l'échelon local, il est promu au bureau de Chicago. Pisté par RCA Records, il tente l'aventure new-yorkaise, puis passe brièvement par Bell Records, avant de revenir à Pittsburgh. Véritable pilier de la promo indé, un système largement souterrain sur lequel il mise beaucoup et au sein duquel il côtoie le parrain du genre Joe Isgro, il réintègre en 1979 Epic chez CBS Records, sur la volonté de son ami Walter Yetnikoff, président de la société. Avec 65 personnes sous ses ordres, il fera connaître à Epic Records un essor prodigieux, qui deviendra sous son impulsion la deuxième plus importante maison de disques aux Etats-Unis - elle n'était que la 14e lorsqu'il en prit les commandes -, surclassant sa grande soeur Columbia (CBA). Frank DiLeo hérite des plus gros clients de la maison, d'Ozzy Osbourne à Cyndi Lauper, en passant par Meat Loaf, Gloria Estefan, et entassant des dizaines de disques d'or et de platine... Et, surtout, il accompagna la destinée de Michael Jackson.
C'ets le King of Pop himself qui, en 1984, dans le sillage du succès de l'album Thriller, demande Frank DiLeo pour manager. Ensemble, ils bâtissent une strétagie commerciale gagnante, et DiLeo écrit et produit le film anthologique Moonwalker ainsi que plusieurs spots publicitaire et pas moins de huit des clips fantastiques de Michael Jackson, dont le Grammysé Leave me alone réalisé par Jim Blashfield et Paul Diener. C'est d'ailleurs l'année de la sortie de ce clip, en 1989, à l'issue de la tournée Bad (où Sheryl Crow, autre protégée de DiLeo qui le cite dans sa chanson The Na-Na Song, était choriste) et du Victory Tour de la famille Jackson, que leur collaboration cesse, brusquement et sans publicité ni explication. En 2009, année où le Wall Street Journal subodore des retrouvailles, on le voit à la première du film This is it en octobre, quatre mois après la mort du King of Pop.
Du fait de ses amitiés, de son parcours et de son style, Frank DiLeo, qui accompagna également Richie Sambora (guitariste de Bon Jovi et ex d'Heather Locklear) et collabora avec Prince, héritera de quelques rôles sur mesure au cinéma, incarnant le mafioso Tuddy Cicero (proche du parrain Paulie Cicero incarné par Paul Sorvino) dans Les Affranchis de Martin Scorsese (il avait vraiment la gueule de l'emploi, le cigare toujours à la bouche et le rictus carnassier), et jouera un producteur dans les deux volets du loufoque Wayne's World porté par le délirant Mike Myers.
Un personnage haut en couleur du showbizz qui tire sa révérence...