L'histoire de John Galliano chez Christian Dior, ce n'est pas seulement celle d'un terrible gâchis. C'est aussi celle d'une amitié, qui prend fin tragiquement, et celle d'un inespéré succès commercial.
Arrivé en 1996 dans la célèbre maison parisienne, ce Britannique extravagant parvient grâce à ses excès, ses idées, ses défilés spectaculaires et son génie à multiplier le chiffre d'affaires par quatre. John Galliano a remplacé Dior au coeur de la Couture parisienne, fait de la maison un bouillon vibrant d'idées, une machine de guerre économique ultraperformante. Puis tout s'est écroulé. Galliano dérape. Galliano est viré. Galliano brisé et rongé par ses excès d'alcool, de drogues, par la pression. En septembre 2011, Galliano est condamné pour injures racistes et antisémites. Il disparaît... ou presque.
Cette semaine, nos confrères de Paris Match dressent le portrait de sa formidable ascension et de sa chute cruelle. Un portrait passionnant de Catherine Schwaab dans lequel apparaît un tournant, un événement tragique qui projettera Galliano au coeur d'une spirale autodestructrice : la mort de son bras droit Steven Robinson. Sa mort, d'une overdose de cocaïne, en avril 2007, bouleverse le couturier.
Les frères siamois
Steven Robinson a 18 ans lorsqu'il rencontre John Galliano, 27 ans à l'époque. Il suit le créateur dans toutes ses aventures, toutes ses extravagances magnifiques et d'autres plus dangereuses pour la santé. Il devient son bras droit chez Dior. Il est à la fois l'ami, le confident, la nounou, le joker et l'antithèse physique d'un Galliano obsédé par son apparence : Steven Robinson est en surpoids et ne fait pas attention à lui. Un observateur cité par Paris Match affirme : "Steven gérait toute la logistique des collections. Il laissait John se concentrer sur son personnage et sur ses idées. Il anticipait ses humeurs, faisait le tampon avec les équipes." Il était indispensable. Ils étaient inséparables.
Lorsque Steven Robinson est retrouvé mort, John Galliano perd pied. "Steven a commencé Dior avec moi, nous étions comme des frères siamois. Il m'a aidé à donner corps à ce rêve", déclare publiquement le créateur. En coulisses, c'est le début de sa chute vertigineuse. Lors de son procès en juin 2011, cette épreuve le hante encore : "Je suis rentré travailler le soir même de l'enterrement. Je n'ai pas eu le temps de faire mon deuil. (...) Je mélangeais du valium, des barbituriques, des somnifères et de l'alcool. (...) J'avais des crises d'angoisse, de panique. Je ne pouvais plus aller travailler sans prendre ces pilules."
La disparition
Depuis le scandale, John Galliano s'est soigné à la clinique Meadows, en Arizona. Il a passé du temps au Royaume-uni et est réapparu ces dernières semaines à Los Angeles : "Citoyen lambda, en bermuda et baskets, sortant d'un supermarché avec son petit sac de courses en plastique, seul, un peu pitoyable au regard de son glamour d'antan", écrit notre consoeur de Paris Match. À ses côtés, Alexis, son compagnon français, qui ne l'a pas quitté malgré la chute. "John ne s'occupe que de lui-même, assure aujourd'hui son entourage. Il est content de ne rien faire et veut disparaître pendant au moins un an."
Chez Christian Dior Couture, après quelques défilés conduits par l'atelier, Raf Simons vient de présenter en juillet sa première collection haute couture automne-hiver 2013-2013. Un triomphe...
"John Galliano, tombé du podium", un portrait à découvrir dans "Paris Match", en kiosques le 26 juillet 2012.