Dans son édition du 31 juillet, Libération rend hommage à celle qui fut notamment chroniqueuse dans le quotidien, Anne Dufourmantelle. Psychanalyste et philosophe, elle est morte le 21 juillet en voulant sauver deux enfants de la noyade à Ramatuelle le 21 juillet. Dans Libé, sa fille Clara lui rend un bouleversant hommage sous la forme d'un poème.
"Tu m'as appris à me réjouir de chaque imprévu. Tu m'as appris à dire oui, à plonger la tête dans l'invisible et tu m'as donné une soif de vivre, une soif de célébrer la vie, qui m'habite inépuisablement et qui est au coeur de mon désir de travailler avec la scène", lui écrit sa fille aînée, artiste et chanteuse. "Tu as toujours fait ce que tu désirais maman. Je me souviens d'une discussion sur l'héroïsme qu'on avait eue ensemble. [...] Je crois que tu es une belle héroïne maman", se livre Clara.
Avec des mots touchants, elle a loué la "façon bien particulière d'être hors-la-loi" de sa mère, celle qui faisait "toujours les choses un peu à côté, avec un sourire tendre, comme pour s'excuser d'être celle qui regarde dans le sens inverse". Admirative de cette figure qui avait "une force et un courage et une puissance inouïs", Clara promet de rendre sa mère "fière", et de "danser comme si la Terre allait arrêter de tourner". "J'ai peur des départs maman. J'ai peur de ton départ, avoue-t-elle. Ode à toi maman. Ode à la joie partagée. Ode à nos fous rires qui nous faisaient quitter les salles d'opéra. Je le convoque aujourd'hui autour de ton corps que j'aime et qui repose tendrement à côté de cette maison que tu aimes tant."
À côté de ce poème empli d'amour, une patiente d'Anne Dufourmantelle s'est également confiée sur sa relation avec la psychanalyste à qui elle doit beaucoup. "Je n'ai jamais imaginé que vous puissiez mourir. À mes yeux, vous étiez invincible, insubmersible, vous étiez trop belle, trop brillante, trop cultivée, trop bonne pour mourir. Une femme comme vous ne peut pas mourir à 53 ans, mais la mer est injuste et ne connaît pas ses noyés. Sinon, la mer vous aurait épargnée, comme une amie", écrit Laura Girsault, une étudiante en littérature comparée.