Le 10 mai dernier, lors de la journée nationale des mémoires de la traite, Ségolène Royal écrivait sur son site internet Désirs d'avenir : "Ce capitalisme négrier dont la région porte l'empreinte eut ses dissidents : au XIXe siècle, Léon-Robert de l'Astran, humaniste et savant naturaliste mais également fils d'un armateur rochelais qui s'adonnait à la traite, refusa que les bateaux qu'il héritait de son père continuent de servir un trafic qu'il réprouvait."
Cet ainsi que la présidente du Poitou-Charentes évoquait l'esclavage. Problème, ce Léon-Robert de l'Astran n'existe pas, comme l'a révélé hier le quotidien Sud-Ouest. Zut !
L'historien rochelais Jean-Louis Mahé confirme aujourd'hui à l'AFP : "Je n'ai jamais vu ce nom-là. On ne peut vérifier aucun des détails qui sont donnés. Il ne figure sur aucun registre de l'époque, pas plus que le nom du bateau de son père qui était armateur."
Même son de cloche du côté de Jacques de Cauna, historien bordelais, membre du centre international de recherche sur l'esclavage : "On ne retrouve sa trace dans aucune archive. Il est le fruit de l'imagination de quelqu'un qui s'est peut-être inspiré d'histoires réelles de fils de négriers."
Sud-Ouest a pu retrouver l'inventeur de ce personnage, mais celui-ci s'accroche au fait qu'il a bien existé.
Du côté de Désirs d'avenir, la co-fondatrice de site, Sophie Bouchet-Petersen, a écrit dans un communiqué : "Errare Humanum est ! J'avoue être l'auteur de la référence à Léon-Robert de L'Astran, opposant à l'esclavagisme dont on aurait aimé qu'il existât, tant l'histoire était belle."
Elle ajoute que d'autres s'y sont laissé prendre comme les sites communes-françaises.com ou la-rochelle.org. Ce faux personnage historique est aussi utilisé par un hôtel de la Vienne qui propose une visite à La Rochelle, baptisée "route de l'Astran".
Cet imbroglio est finalement bien dérisoire. En ce moment, Ségolène Royal doit faire face à la plainte déposé par un agent immobilier contre son compagnon, André Hadjez. Ce dernier est accusé d'insultes et menaces de mort. La présidente du Poitou-Charentes a dû également se justifer de la protection policière dont elle bénéfice.