Depuis 1995, New York n'avait connu une finale aussi disputée. Trois sets (6-2, 2-6, 7-5) et 2h18 de jeu pour une finale qui restera à coup sûr dans les annales. Et au terme d'un match serré et d'une rare intensité, c'est la légendaireSerena Williams qui est sortie hier dimanche 9 septembre vainqueur de son duel face à Victoria Azarenka, numéro un mondiale au classement WTA.
Avec cette victoire, Serena Williams entre dans la légende, si elle n'y était pas déjà, en décrochant un 15e titre du Grand Chelem, et égale les plus grandes joueuses de l'histoire comme Chris Evert, Martina Navratilova, Steffi Graf, Billie Jean King ou encore Margaret Smith Court avec ce quadruplé new-yorkais, et certains voient en elle la plus grande joueuse de tous les temps... "Je trouve ça bizarre. Je ne me considère pas comme la plus grande. Je suis juste une joueuse de tennis qui fait ce qu'elle peut. Je suis juste Serena. Je suis une fille un peu folle en dehors des courts, simple et bonne vivante. Vous [les journalistes] n'avez pas l'occasion de me voir sous ce jour-là. Je suis juste Serena et je ne serai jamais rien d'autre que ça", déclarait-elle en conférence de presse à l'issue de ce match où la jeune femme de 30 ans a soufflé le chaud et le froid, réalisant autant de coups gagnants que de fautes directes. La joueuse que l'on avait retrouvée très affûtée avant le tournoi, affichant une silhouette loin de celle qu'on lui connaissait, est pourtant passée tout près de la défaite en étant menée 5-4 dans le dernier set, service à suivre pour son adversaire.
Mais l'Américaine a su trouver les ressources pour recoller au score et finalement s'imposer dans une ambiance électrique, décrochant un nouveau majeur, réalisant un formidable triplé estival, après avoir décroché le titre à Wimbledon et avoir doublé sur les mêmes terrains lors des Jeux olympiques. Oubliée la déconvenue de Roland-Garros, l'ancienne numéro 1 mondiale est de retour au plus haut niveau et la jeune garde menée par la vaincue du jour n'a pas encore réussi à trouver la faille pour mettre à terre la cadette des Williams. "J'étais malheureuse après cette défaite à Paris [contre la Française Virginie Razzano, NDLR], je ne m'étais jamais sentie aussi misérable après une défaite car juste avant, j'avais tellement bien joué. Pour être honnête, j'ai senti un peu de confiance s'échapper après ce math et j'ai ensuite eu des premiers matches difficiles à Wimbledon. Mais je suis parvenue à me reprendre. Je ne sais pas si oui ou non cette défaite m'a aidée ou m'a motivée mais j'aime à croire que oui, car après ça, j'en voulais plus. On dit parfois que c'est une bonne chose de perdre", poursuivait-elle.
La joie de Serena contrastait bien évidemment avec la déception de Victoria Azarenka, en pleurs sur sa chaise à l'issue de ce match qu'elle aurait pu gagner si son bras n'avait pas tremblé au moment de conclure dans le troisième set... "Cela fait très mal d'être passée si près. Mais je n'ai pas de regrets. Je sens que j'ai donné tout ce que j'avais. Est-ce que ça aurait pu tourner en ma faveur ? Probablement, oui. Mais ça n'a pas été le cas. Et ça fait très mal", confiait la Biélorusse, un temps entraînée par Amélie Mauresmo.
Pourtant, l'actuelle numéro 1 a rendu un bel hommage à Serena Williams : "Mentalement, elle n'abandonne jamais. C'est une grande championne. C'est sans conteste la joueuse la plus coriace mentalement et elle a en plus la puissance. Pour moi, c'est la plus grande joueuse de tous les temps. Elle a hissé le tennis à un autre niveau. Je l'admire. Je l'ai félicitée de tout mon coeur parce que je pense qu'elle méritait absolument de gagner. Elle était la meilleure sur le court."
Et cela risque bien de durer encore un moment.