C'est sur une sombre histoire que Valéry Giscard d'Estaing va écrire les dernières lignes du livre de sa vie. À 94 ans, l'ancien président de la République, en poste de 1974 à 1981, fait désormais l'objet d'une enquête officielle depuis la plainte d'Ann-Kathrin Stracke, une journaliste allemande qui l'accuse d'agression sexuelle.
Lundi 11 mai 2020, le parquet de Paris a annoncé à l'AFP avoir ouvert une enquête pour des faits d'agression sexuelle et avoir confié les investigations à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP). L'enquête fait suite à la plainte déposée par la journaliste allemande de 37 ans Ann-Kathrin Stracke, qui accuse l'ancien président de lui avoir touché les fesses lors d'une interview filmée dans ses locaux à Paris, fin 2018. "Je suis heureuse d'apprendre que le ministère public a enregistré ma plainte pénale et a décidé d'ouvrir une enquête. Je suis, bien entendu, à la disposition de la justice française dans le cadre de cette enquête", a-t-elle déclaré à l'AFP.
Contacté par l'AFP, l'avocat de l'ancien chef d'État n'a pas souhaité faire de commentaire dans l'immédiat. Son directeur de cabinet, Olivier Revol, avait précédemment indiqué aux journaux Le Monde et Süddeutsche Zeitung que l'ancien président n'avait "aucun souvenir de sa rencontre" avec la journaliste allemande. "Si ce qui lui est reproché était vrai, il en serait bien sûr navré, mais il ne se souvient de rien", avait-il alors ajouté.
Ann-Kathrin Stracke, qui travaille à la télévision publique allemande WDR, avait écrit le 10 mars au parquet de Paris pour dénoncer les gestes qu'aurait effectués l'actuel membre du Conseil Constitutionnel lors d'une interview réalisée dans son bureau parisien à l'occasion du 100e anniversaire de la naissance d'Helmut Schmidt, ex-chancelier allemand qu'il a côtoyé au cours de son mandat à l'Élysée. Valéry Giscard d'Estaing aurait glissé sa main jusqu'aux fesses de la journaliste à deux reprises. La journaliste avait alors prévenu ses employeurs, un cabinet d'avocats s'était mis sur l'affaire et, après plusieurs mois, elle avait finalement déposé sa plainte encouragée de son propre aveu par le mouvement #MeToo. "J'ai décidé de raconter mon histoire parce que je pense que les gens doivent savoir qu'un ancien président français a harcelé sexuellement une journaliste, en l'occurrence moi, après une interview", avait-elle expliqué à l'AFP.
Valéry Giscard d'Estaing reste présumé innocent des faits reprochés jusqu'au jugement définitif de cette affaire.