Le temps passe, mais les blessures demeurent. Le 7 janvier 2015, la rédaction du journal Charlie Hebdo a été victime d'un attentat terrible et meurtrier. Onze personnes, dont huit collaborateurs de la publication, avaient été assassinées, onze autres avaient été blessées et un policier à terre avait été abattu par les coupables de cette attaque lors de leur fuite. Parmi la liste des disparus, c'est le nom de Charb – Stéphane Charbonnier, le directeur de publication – qui ressort tout particulièrement aujourd'hui.
Depuis une semaine, les témoins défilent à la barre de la cour d'assises spéciale de Paris où se tiennent les audiences des attentats de janvier 2015 – Charlie Hebdo et Hyper Casher. Valérie Martinez, la dernière partenaire de Charb, a expliqué que son quotidien n'était plus le même depuis cette funeste journée. "Les jours n'ont plus la même saveur. Les nuits n'ont plus la même fluidité ni la même douceur, a-t-elle regretté. La vie continue sans lui, mais avec lui aussi, car il reste dans le coeur de tous ceux qui l'ont aimé."
Stéphane Charbonnier et Valérie Martinez se sont rencontrés en 2005. Leur relation est devenue sérieuse en 2010. Pourtant, elle refuse qu'on la considère comme la "compagne" de Charb. Depuis sa maison dans le Sud de la France, là où elle éduque ses deux enfants, elle correspondait par mail et par téléphone avec son "amoureux". "J'étais son amante, sa maîtresse, précise-t-elle. Il n'avait pas de compagne. Il ne voulait pas de famille, pas d'enfants. Je respectais ça. Il était marié, mais à Charlie Hebdo. Je ne suis personne. Pourtant, il m'appelait 'ma chérie'. Je brillais dans ses yeux."
Leur histoire d'amour, ils l'ont écrite à deux, à leur manière. S'ils étaient souvent éloignés par le quotidien et par les kilomètres, Valérie Martinez était bien là avant que Stéphane Charbonnier ne soit assassiné. Elle se souvient d'une soirée "merveilleuse", "lumineuse, remplie de joie", mais aussi d'une ultime matinée étrange. Avant de se rendre à la rédaction de Charlie Hebdo, Charb aurait eu une sorte d'intuition et se serait montré particulièrement inquiet. "Je ne l'avais jamais vu comme ça", commente-t-elle simplement. La suite lui a, malheureusement, donné raison...