Dix-sept nominations aux Oscars et deux statuettes obtenues : pour Kramer contre Kramer (second rôle) en 1980 et Le Choix de Sophie en 1983... dire que Meryl Streep est une grande actrice est un euphémisme. Même si la star trouve exagéré que les médias la considèrent souvent comme "la plus grande actrice du monde", et de citer ses consoeurs que les remises de prix ont oubliées. Certes, les récompenses ne font pas tout, mais ces nombreuses nominations sont la preuve indéniable que chacune des participations de la comédienne américaine dans un film est marquante. Sa dernière performance dans La Dame de fer, qui lui vaut d'ailleurs une nouvelle citation, en est l'exemple flagrant.
Près de vingt ans après son dernier Oscar, Meryl Streep s'apprête à en recevoir un troisième, les pronostics sont en sa faveur. Car si le long métrage qui retrace le parcours de Margaret Thatcher ne fait pas forcément l'unanimité, la prestation de Meryl Streep est largement saluée.
De Meryl à Margaret
Pour se glisser dans ce personnage fascinant de l'histoire britannique, Meryl Streep a fait face à des difficultés : un tournage des scènes qui ne s'est pas fait dans l'ordre chronologique et très peu de préparation en amont avant de se plonger dans le bain."Je pensais avoir du temps pour me préparer, mais mon mari [Don Gummer, père de ses quatre enfants, NDLR] a dû subir une série d'opérations très lourdes et j'ai ensuite perdu ma meilleure amie, révèle-t-elle dans le magazine Première du mois de février 2012. Lorsque j'ai atterri à Londres en janvier 2011, je me suis enfermée pendant une semaine entière et j'ai travaillé vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour m'immerger dans la vie de Thatcher et essayer de cerner le personnage."
Meryl Streep a creusé tous les aspects du caractère de l'ancien Premier ministre du Royaume-Uni, son style vestimentaire qui "constituait son armure" et, bien sûr, sa voix : "Plutôt que de regarder des images télévisées, j'ai préféré simplement l'écouter. [...] Il fallait que je pense cette voix, comme lorsque l'on apprend une autre langue" (magazine Première du mois de février 2012).
Avec Margaret Thatcher, Meryl Streep a eu le plaisir d'incarner un personnage durant la plus grande partie de son existence : "Moi aussi, j'arrive à un âge où l'on commence à regarder derrière soi et à repenser à sa propre histoire. C'est vertigineux." De plus, il existe peu de femmes chefs d'Etat, peu de grandes figures politiques féminines, en incarner une est donc un privilège. D'autant que les choses, même aujourd'hui, sont loin d'être faciles pour les femmes : "Il faut avouer que l'idée de 'femmes chefs' est encore loin d'être installée," annonce l'actrice. Engagée, elle a d'ailleurs reversé au National Women's History Museum, qui met en avant les femmes dans l'histoire des Etats-Unis, le cachet de La Dame de fer.
La femme derrière le chef d'Etat
Comme Denis Podalydès qui reste attaché à son personnage de Nicolas Sarkozy dans La Conquête, toute considération politique écartée, Meryl Streep a un autre regard sur Margaret Thatcher : "Même si je reste en désaccord avec de nombreux aspects de sa politique, j'admire ce qu'elle a accompli, sa faculté hors du commun à surmonter l'adversité." La comédienne ajoutera : "Margaret Thatcher n'était pas sympathique, elle était compétente et parfaitement préparée." Meryl Streep met l'accent sur son non-engagement politique à travers ces mots : "Je ne me serais pas engagée dans ce film pour soutenir le programme politique de Margaret Thatcher !"
Le 14 février, une dizaine de jours avant de probablement gagner un Oscar, Meryl Streep a reçu au Festival de Berlin un Ours d'or d'honneur saluant son immense carrière. Au cours de la conférence de presse, Meryl Streep s'est vu remettre un bouquet de roses blanches en l'honneur de la Saint-Valentin par un journaliste autrichien, tandis qu'un de ses confrères russes a préféré lui offrir une matriochka la représentant sous les traits des personnages de ses films : "C'est bien, ils m'ont fait un plus petit nez," a-t-elle plaisanté.
La Dame de fer, de Phyllida Lloyd, au cinéma ce 15 février.