Le grand réalisateur italien Francesco Rosi, auteur entre autres de L'Affaire Mattei qui lui valut la Palme d'Or du festival de Cannes en 1972, est mort samedi 10 janvier à Rome à l'âge de 92 ans, rapportent la presse italienne. Selon le Corriere della Sera, le cinéaste – qui était alité depuis plusieurs semaines en raison d'une bronchite - est décédé au cours de son sommeil.
Né le 15 novembre 1922 à Naples, Francesco Rosi a marqué l'histoire du cinéma italien, lequel aura révélé bon nombre de légendaires réalisateurs du septième art. Compagnon de lycée de l'actuel président de la République, Giorgio Napolitano, lui aussi originaire de Naples, Rosi fait des études de droit avant d'entrer ensuite dans le monde du spectacle, d'abord dans le théâtre puis progressivement dans le cinéma où il est assistant dès 1948 de Luchino Visconti dans la réalisation du film La terre tremble.
"Francesco Rosi est mort, un homme d'une immense culture, un réalisateur extraordinaire, l'orgueil de Naples, une terre qu'il a aimé et défendu", a écrit sur son compte Twitter Luigi de Magistris, le maire de la ville. "Personne n'a su comme Francesco Rosi raconter le pouvoir", a commenté pour sa part Roberto Saviano, le journaliste napolitain célèbre pour Gomorra, son livre-enquête sur la mafia locale. De son côté, Gilles Jacob écrit sur Twitter : "Je salue la mémoire de Franco Rosi, et avec amitié pour les survivants de la grande époque Bertolucci, Bellocchio, je dis le cinéma italien vit."
Réalisateur politiquement engagé, détenteur de l'ours d'argent berlinois (Salvatore Giuliano, 1961), d'une Palme d'or à Cannes (L'Affaire Mattei, 1972, prix qu'il partage avec La Classe ouvrière va au paradis d'Elio Petri), Francesco Rosi a signé de nombreux films cultes. Dès son véritable premier long-métrage, Le Défi, réalisé en 1958, il aborde déjà les problèmes sociaux du sud de l'Italie et remporte le Prix du Jury à la Mostra. Il enchaînera ensuite avec Salvatore Giuliano (1961), son premier succès international, et signe derrière le fameux Main basse sur la ville (1963) qui remporte le Lion d'Or à Venise. Cannes finira par le consacrer avec L'Affaire Mattei dans lequel il s'en prend aux dérives de l'industrie pétrolière. Avec son acolyte historique, l'écrivain et génial scénariste Tonino Guerra, il signera Cadavres exquis en 1975, un autre film-phare de sa carrière. Après Chronique d'une mort annoncée (où il dirige sa propre fille Carolina) ou encore La trêve (film sur le périple de Primo Levi), en 1997, il tire sa révérence. En 2009, il obtiendra l'Ours d'Or pour sa carrière et en 2012 le Lion d'Or pour la même raison.