Lors de son passage dans l'émission On n'est pas couché de Laurent Ruquier, sur France 2, le 23 mai 2020, Camélia Jordana avait dénoncé les violences policières, provoquant l'indignation du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. Ce dernier lui avait très rapidement répondu sur Twitter. Après ces propos qui en avaient dérangé certains, il ne faisait pas de doute que la chanteuse et actrice de 27 ans serait présente pour le rassemblement en soutien à Adama Traoré prévu dans la soirée du mardi 2 juin 2020.
Si la préfecture de police avait interdit ce rassemblement qui intervient alors que les États-Unis s'embrasent après la mort de George Floyd survenue le 25 mai dernier à Minneapolis, près de 20 000 personnes se sont pourtant bien rassemblées devant le tribunal de justice de Paris, situé dans le nord-est de la capitale, afin de dénoncer les circonstances de la mort d'Adama Traoré. Le jeune homme avait 24 ans lorsqu'il est décédé le 19 juillet 2016 à la gendarmerie de Persan, après son interpellation à Beaumont-sur-Oise au terme d'une course-poursuite et après avoir échappé à une première interpellation un jour de canicule.
Parmi les milliers de manifestants, Camélia Jordana, qui a pris le micro pour s'adresser à la foule, mais aussi de nombreuses autres personnalités issues majoritairement du monde spectacle, mais aussi du sport. Ainsi, Leïla Bekhti, Géraldine Nakache, Aissa Maïga, Marina Foïs, Daphné Bürki, Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, le footballeur Layvin Kurzawa, Olivier Besancenot, le rappeur et acteur Sadek ont tous participé au rassemblement. Tous étaient là pour apporter leur soutien à Assa Traoré, soeur aînée d'Adama Traoré. Cette dernière a lancé à la foule : "Aujourd'hui, ce n'est plus que le combat de la famille Traoré, c'est votre combat à vous tous (...). Aujourd'hui, quand on se bat pour George Floyd, on se bat pour Adama Traoré."
Malheureusement, la fin de la manifestation a été émaillée d'incidents sporadiques : jets de projectiles, tirs de gaz lacrymogènes, incendies, manifestants sur le périphérique, selon des journalistes de l'AFP. À Clichy, les vitres d'un poste de police municipale ont été brisées par des manifestants. Dix-huit personnes ont été interpellées en marge de la manifestation. "La violence n'a pas sa place en démocratie. Rien ne justifie les débordements survenus ce soir à Paris, alors que les rassemblements de voie publique sont interdits pour protéger la santé de tous", a tweeté Christophe Castaner.
Cette même journée du mardi 2 juin a été marquée par la publication d'une nouvelle expertise dans l'affaire de la mort d'Adama Traoré.
Dans le rapport réalisé à la demande de la famille du jeune homme, un médecin, qui a travaillé à partir des autres expertises et de documents médicaux selon l'avocat de la famille, considère qu'Adama Traoré est mort d'un syndrome asphyxique faisant suite à un oedème cardiogénique. Il attribue ce dernier "à une asphyxie positionnelle induite par le plaquage ventral", revenant à pointer la technique d'interpellation des gendarmes, selon ce document dont l'AFP a pu consulter les conclusions datées du 2 juin. "Aucune autre cause du décès n'est identifiée", ajoute-t-il.
Un premier rapport médical commandé par la famille avait balayé les conclusions de l'enquête l'an passé, poussant les juges à réclamer la dernière expertise judiciaire dévoilée vendredi.
Adama Traoré "a pris le poids de nos corps à tous les trois" lors de son arrestation dans la maison où il s'était caché, avait raconté l'un des gendarmes lors d'un interrogatoire, suscitant des interrogations sur la méthode employée.
"Contrairement aux experts désignés par les juges, les médecins indépendants qui ont réalisé les contre-expertises sont tous spécialistes des maladies évoquées dans le dossier. Compte tenu de leurs compétences, leurs conclusions s'imposent face à celles qui excluent le plaquage ventral comme cause de la mort d'Adama Traore", a réagi auprès de l'AFP Me Yassine Bouzrou, l'avocat de la famille Traoré. "Une nouvelle expertise en trois jours face à trois médecins qui ont travaillé des mois ? C'est du délire", s'est insurgé l'avocat des gendarmes Me Rodolphe Bosselut. "Je refuse de la qualifier d'expertise, c'est un avis médical rendu par un médecin dont je ne sais rien et dont je n'ai pas pu préciser la mission", a ajouté l'avocat, qui estime qu'"il n'y a eu aucun placage ventral dans ce dossier".
Depuis Los Angeles, où il est installé depuis plusieurs années, Omar Sy avait invité ceux qui le suivent sur Instagram à se rendre à la manifestation en soutien à Adama Traoré. Ecoeuré par la mort de George Flyod, décédé après avoir été asphyxié par un officier blanc, Derek Chauvin, l'acteur français s'était lui-même rendu dans la rue le 31 mai dernier.