Sur scène, elle chantait l'insouciance, l'histoire d'une fille Sage comme une image. En coulisses, Lio vivait l'horreur. À la fin des années 1990, époque de ses albums Wandatta et Je suis comme ça, la chanteuse a connu l'amour auprès d'un confrère mélomane. Mais avec Zad, le rêve s'est transformé en cauchemar. Victime de violences conjugales, elle a porté plainte contre lui et s'est érigée, bien malgré elle, en étendard de cette lutte nécessaire. "C'est un chemin personnel, a-t-elle expliqué à Claire Chazal dans l'émission Passage des arts, sur France 5. Je n'ai pas de jugement à porter pour ceux qui s'engagent. Moi, la question m'a été posée d'une manière très frontale. Je suis battue, vraiment amochée, j'arrive, je dois porter plainte. C'est un combat horrible. C'est terrible d'aller porter plainte quand on est battue, l'accueil et tout."
Le métier me conspue d'avoir parlé
Cette histoire, Lio la porte à bout de bras depuis des années. Dans son autobiographie Pop model, sortie en 2004 chez Flammarion, elle évoquait déjà cette détresse terribles dont souffrent les victimes. C'est d'ailleurs bien malgré elle qu'elle a dû médiatiser son parcours... à cause de sa notoriété. "C'est un privilège détestable quand on comprend combien de femmes ont été seules, regrette-t-elle. Mais vous savez, il y a des mouchards. Ca paraît dans France Soir. Dans les trois jours, c'est un branle-bas autour de moi. Le métier me conspue d'avoir parlé. Et en même temps, je reçois des sacs de jute de femmes qui ont lu, qui me parlent."
Plutôt que d'en faire un combat, Lio a voulu transformer ses mésaventures "en oeuvre". Elle n'a d'ailleurs plus tellement accordé sa confiance aux hommes depuis. Très récemment, sur les ondes de France Inter, la maman de six enfants dévoilait qu'elle était lasse de la séduction et qu'elle était abstinente depuis ses 50 ans - elle en a aujourd'hui 58. "Le désir féminin, je ne le connais pas, confessait-elle en septembre 2020. Parce qu'il a été hypothéqué, forclos par les hommes à qui j'ai voulu plaire, parce qu'ils prennent toute la place. Je ne couche plus. C'est évidemment de l'ordre de l'intime et c'est de l'ordre politique. Parce que je ne veux pas payer et je ne veux pas avoir un rapport qui est celui d'un intérêt. Je ne veux plus de ça ! Je ne veux plus de ce rapport-là avec mon corps aux hommes. Et on demande toujours une rétribution trop trop forte à la femme." Ha, les Amoureux solitaires...