Il était le premier acteur arabe à percer à Hollywood. Omar Sharif est mort au Caire à l'âge de 93 ans le 10 juillet, succombant à une crise cardiaque dans un hôpital spécialisé pour les patients atteints d'Alzheimer, maladie dont il souffrait et qui l'avait obligé à quitter les plateaux en 2012. Ses obsèques ont eu lieu dans son pays natal et les hommages ont afflué, le monde pleurant l'inoubliable Docteur Jivago...
Les funérailles d'Omar Sharif ont été célébrées dans la discrétion, au sein d'une mosquée de la banlieue du Caire. S'il a été élevé dans le rite grec-catholique melkite, il s'était converti à l'islam par amour pour celle qui deviendra son épouse, Faten Hamama. Séparés en 1966, il reviendra au christianisme après leur divorce en 1974 selon Al Jazeerah, mais confiera des années plus tard "se sentir agnostique".
"Le monde a perdu un grand acteur", a salué l'ex-ministre des Antiquités et égyptologue de renom Zahi Hawass à l'issue de la cérémonie, rapporte l'AFP. "Omar Sharif a représenté l'Egypte dans le monde de la meilleure façon possible", a renchéri le célèbre acteur Hussein Fahmy. Aucune vedette d'Hollywood n'était présente, a constaté un journaliste de l'AFP.
Après la prière traditionnelle, le cercueil, couvert d'un drapeau de l'Egypte et d'une étoffe noire sur laquelle étaient brodés des versets du Coran, a été transporté dans une voiture pour être conduit au cimetière Sayyeda Nefissa, au sud de la capitale.
On se souviendra de ses rôles, de son amour pour le jeu - le bridge notamment - mais aussi de sa romance avec l'icône du cinéma arabe, l'actrice égyptienne Faten Hamama avec qui il aura un fils unique, Tarek. La belle Faten est décédée la même année que lui, au mois de janvier dernier. Le couple, l'un des plus glamour et les plus charismatiques du cinéma égyptien, a divorcé en 1974 alors que l'acteur, déjà célèbre en Egypte, lançait sa carrière à Hollywood.
Mais si son étiquette de séducteur lui a collé à la peau, il a clamé n'avoir eu qu'un seul grand amour, Faten. "Selon ses propres mots, il ne tomba plus jamais amoureux, et ne vécut plus jamais avec une autre femme que cette actrice mêlant si bien distinction, charme et caractère. La carrière occidentale d'Omar Sharif lui apporta une gloire planétaire, mais elle le plongea dans une solitude qui ne le quitta jamais...", lit-on sur Slate.fr.
"C'était des gens de valeurs. Ils font partie de l'Histoire et tout le monde les aimait", a déclaré Mohamed al-Bassiouni, un Cairote de 75 ans qui avait tenu à être présent à l'enterrement, tout comme il avait assisté aux funérailles de Faten Hamama en janvier.
Sa partenaire dans Funny Girl de William Wyler (1968), Barbra Streisand, a tenu à lui rendre hommage : "Omar était mon premier partenaire masculin au cinéma. Il était beau, sophistiqué et charmant. Il était fier d'être égyptien et, dans les yeux de certains, l'idée de le choisir pour Funny Girl était une décision controversée. Et pourtant, sous la direction de William Wyler, l'alchimie entre Nicky Arnstein et Fanny Brice transcendent les stéréotypes et les préjugés. Je me sens chanceuse d'avoir eu la possibilité de travailler avec lui et je suis profondément triste d'apprendre sa disparition", a confié l'actrice et chanteuse à People Magazine.
Son caractère colérique l'a amené devant la justice en 2003, après s'être emporté contre un policier de la direction des courses et des jeux. Champion de bridge, propriétaire d'une importante écurie de chevaux de course, habitué des casinos, il dira en 2006 avoir arrêté de jouer "pour ne plus être esclave d'une passion", à l'exception du cinéma.
Le Figaro revient sur la tendance qu'avait Omar Sharif à flamber dans les casinos et l'acteur polyglotte, qui a vécu en France, aux Etats-Unis et en Italie, avait raconté au quotidien : "Tu sais, le jeu pour moi m'a tenu lieu de famille. Je n'ai pas de foyer. J'ai loupé mon coup avec les femmes. Je suis un nomade. Rien ne m'appartient, même pas mon appartement parisien qui est en location."
Son slogan "les courses, c'est ma grande passion" reste dans toutes les mémoires, mais on retiendra du grand acteur avant tout son rôle émouvant dans Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, qui lui avait valu le César du meilleur acteur.